Disparition n Ils sont de plus en plus rares, et leur métier très astreignant a tendance à disparaître dans tout le pays. Le métier de forgeron permet à d'autres métiers d'être exercés, notamment le travail de la terre. Autrefois, on en trouvait au moins un dans chaque quartier, chaque cité et même dans les villages. Aujourd'hui, ils sont une poignée pour toute une wilaya. Il faut savoir que pour être forgeron, il faut avoir une bonne constitution physique, aimer son métier et avoir de la patience et de la résistance. Les forgerons travaillent dans des conditions difficiles, une chaleur suffocante que nécessite le travail du fer, une force physique soit pour aplatir ou aiguiser les différents outils, comme les pics, les haches... C'est un métier qui se transmet de père en fils et cela depuis des générations. Au XIXe siècle, il occupait une place importante dans la fabrication du matériel agricole, mais aussi en maréchalerie et ferronnerie. C'est d'Ihitoussene, un village de la wilaya de Tizi Ouzou, que la plupart des forgerons du pays sont originaires. Certains disent que cet apprentissage remonte à l'époque des Grecs et que leur renommée a dépassé nos frontières pour atteindre les pays du Maghreb et autres. C'est, en effet, au début du XIXe siècle que les forgerons de ce village, de parfaits autodidactes, ont commencé à s'installer dans différentes régions du pays. Cependant, l'Est reste un endroit de prédilection pour toutes les commodités qu'il offre. Et c'est ainsi que les forgerons de ce petit bourg qu'on surnomme «Les dompteurs de fer» (‘'ahitous'' qui signifie aussi ‘'habitant de Ihitoussene'') se sont installés dans un premier temps en Basse Kabylie, passant de Akbou, à Tazmalt, de Ighzer Amokrane à Beni Ourtilane, pour ensuite s'installer à Aïn Beïda passant par El-Eulma. Mais aussi Aïn Azel, Aïn Oulmane, et puis Aïn Beïda via Chelghoum Laïd, Tadjenanet et même M'sila et Sidi-Aïssa. Les forgerons d'Ihitoussene ont été les fournisseurs d'armes durant les guerres et insurrections populaires contre l'occupant français au XIXe siècle. Ils ne se contentaient pas d'exercer leur métier, c'est une véritable passion qui les animait pour le travail qu'ils faisaient. Ils déployaient pour cela une adresse incomparable qui leur a permis de jouir d'une grande notoriété. Pour ferrer les chevaux devant leur forge, ils mettaient leur tablier en cuir, plaçaient la jambe arrière du cheval sur une de leurs cuisses pour pouvoir placer le fer avec de gros clous cunéiformes sur le sabot. Mais ce qui nous fascinait le plus, c'était ce grand soufflet qui servait à attiser le feu de la forge et qu'on actionnait avec une chaîne qu'un apprenti tirait pour envoyer l'air du soufflet vers le feu.