Avis n La politique de subvention menée par le gouvernement est un réel obstacle au développement économique du pays. S'exprimant, hier, au centre de presse de «Algeria – Invest», Salah Mouhoubi, expert en économie a tenu à avertir que la politique économique du gouvernement, basée sur les subventions publiques, mène le pays droit vers le blocage et les problèmes socioéconomiques graves. D'où la nécessité de rompre avec cette politique de «l'assistanat» qui encourage, d'après lui, la paresse. «On ne doit pas continuer sur cette voie complètement suicidaire au pays», a-t-il averti, en appelant à la suppression des subventions publiques qui coûtent au Trésor plusieurs milliards de dollars annuellement. Autrement dit, cette démarche, entreprise par les pouvoirs publics, n'est pas soutenable à terme, d'où l'importance d'envisager d'autres alternatives pour arriver à une économie sans subventions. «Si l'embellie financière dont dispose le pays permet cette politique actuellement, il est clair que dans un contexte différent, où cette embellie n'existe plus, ça causera de graves problèmes au pays», a-t-il soutenu. Cela dit, l'économiste n'est pas contre la prise en charge par l'Etat de la catégorie de la couche défavorisée de la société. Toutefois, elle ne favorise pas le système actuel qui met, d'après lui, tout le monde sur le même pied d'égalité en permettant aussi bien aux pauvres qu'aux riches de bénéficier du soutien des prix de produits de large consommation. Pour y remédier, l'expert préconise des réformes économiques qui doivent aboutir à une stratégie de développement global sous forme d'une feuille de route qu'on doit mener à terme. D'abord, il faut arrêter, a-t-il insisté, «cette tentation de tout subventionner (…) mais il faut cibler les secteurs». Sur ce point précis, le conférencier n'est pas contre la subvention de certains secteurs «stratégiques» comme la santé, l'éducation et la recherche, mais exige des résultats concrets en termes de performance de la productivité.«Il faut mettre de l'argent dans l'investissement productif qui crée la richesse et l'emploi», explique-t-il. L'objectif d'une telle démarche est d'aller, selon M. Mouhoubi, à une économie diversifiée et densifiée hors hydrocarbures. Ensuite, il faut s'attaquer au secteur de l'informel qui représente, selon lui, 40% de l'économie nationale. Dans ce chapitre, l'invité du Algeria –Invest souhaite que celui-ci soit réglementé afin qu'il contribue au développement économique et permettre, ainsi, l'établissement d'une certaine transparence dans notre économie. Cela dit, la double réforme, politique et économique, souhaitée doit permettre l'émergence d'une nouvelle classe politique et économique qui assurera la bonne gouvernance. Interrogé, par ailleurs, sur l'applicabilité d'une telle démarche sur le terrain, notamment par rapport à son impact sur la paix sociale, l'économiste préconise d'ouvrir un débat national sur cette problématique en vue d'expliquer les enjeux économiques aux citoyens. «Notre pays ne peut pas évoluer s'il n'y a pas un consensus national sur cette question», conclue-t-il.