Recommandation n Le processus d'attribution de logements doit avoir beaucoup plus de transparence, et ce, en permettant la participation de la population lors de l'établissement des critères de sélection des listes de bénéficiaires. Mme Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement convenable, a fait remarquer que la politique promue par le gouvernement en matière de logement reste «opaque» pour le citoyen commun. «Il reste des efforts à faire en matière de transparence», a-t-elle lancé hier lors d'une conférence de presse à Alger, organisée à l'occasion de l'achèvement de sa visite officielle en Algérie. Dans son rapport préliminaire, la rapporteuse onusienne a noté que les diverses institutions qui participent au processus d'attribution de logements, disposent d'une marge de discrétion qui ouvre la voie, selon elle, au clientélisme et à la corruption. Tout cela, selon la conférencière, aurait contribué à créer un climat de soupçon et de manque de confiance de la part de la population, dont témoignent les émeutes qui régulièrement explosent suite à l'affichage de listes de personnes auxquelles sont attribués des logements de type social locatif. «Ces manifestations sont une conséquence directe du manque de participation du citoyen dans le processus de l'établissement des critères d'attribution tout aussi bien que de la marge de discrétion, laissés aux institutions chargées de les appliquer», a-t-elle constaté. Cela dit, démocratiser la politique de logement, ouvrir le terrain à la participation directe des citoyens dans le processus de planification de cette politique «pourrait représenter un pas important dans le cadre de réformes qui ont été promises par le gouvernement». Dans ce contexte, la représentante onusienne recommande la création d'un fichier national unifié des demandes de logement déposées par la population avec les points attribués et la position de chaque demandeur dans la liste. «La classification de toutes les demandes devrait être publiée et rendue accessible, par exemple dans la page web de la commune, daïra ou wilaya», a-t-elle suggéré. Mme Rolnik a souligné également le manque de concertation et de participation de la société civile dans la définition, l'application, la gestion et le suivi des politiques de logement et de planification urbaine. Dans cette optique, elle a exhorté le gouvernement à s'engager dans un réel effort de concertation dans la définition des politiques de logement. Dans cet ordre d'idée, elle recommande notamment l'établissement d'un observatoire autonome de l'habitat. Par ailleurs, dans ses conclusions préliminaires, la représentante onusienne a rappelé au gouvernement son obligation de protéger les personnes qui sont confrontées à des expulsions forcées. Mme Rolnik a également exhorté le gouvernement algérien à entreprendre des mesures positives pour faciliter l'accès des femmes au logement et pour les protéger des pratiques discriminatoires.