Calvaire n Certains sont assis par terre à côté des sièges, d'autres sur les marches des portes ouvertes... sans tenir compte du danger que cela leur fait courir. Tel est le lot des voyageurs. Avec la hausse des tarifs des taxis, le train demeure le seul moyen financièrement accessible pour les personnes qui se rendent quotidiennement à Alger. Mais avec un départ à 5h 25 et un transport interurbain, qui ne démarre qu'à 5h, il est impossible pour beaucoup de voyageurs de rejoindre la gare avant le départ du train. Seuls ceux qui habitent à proximité ou les habitants des communes de Draâ Ben Khedda et de Tadmaït sont avantagés. Nous avons décidé de faire l'expérience. Nous avons choisi un quartier sis à 8 minutes par bus du centre-ville. Pour être à l'heure à la gare ferroviaire, nous nous sommes levés à 3h 30 du matin. Vers 4h et faute de transports, nous faisons la route à pied vers le boulevard Stiti. A mi-chemin, un taxieur s'arrête à notre niveau et propose de nous déposer à proximité de la gare routière où il exerce. De là, nous poursuivons notre chemin. La gare ferroviaire non éclairée offre une image lugubre, sans aucun gardien. Le préposé au guichet demande la monnaie car il n'en a pas. Un jeune ironise : «Si vous voulez voyager gratuitement, présentez-lui un billet de 1 000 DA, ils n'ont jamais de monnaie à cette heure-ci.» Nous descendons les marches qui, faut-il le signaler, sont très mal faites avec des illusions d'optique qui contraignent des voyageurs à descendre avec beaucoup de précautions pour ne pas rater une marche, pour monter dans le train. Nous étions une dizaine de voyageurs. Les wagons s'ébranlent lentement… Commence alors un véritable calvaire. Sièges inconfortables, poussière aux vitres, des portes laissées ouvertes et des paquets de fumée âcre et incommodante à chaque arrêt... Tel est le lot des voyageurs. Certains sont assis par terre à côté des sièges, d'autres sur les marches des portes ouvertes... sans tenir compte du danger que cela leur fait courir. Arrivés à Alger, chacun rejoint sa destination. Les travailleurs terminent à 16h et ne disposent que d'une vingtaine de minutes pour rejoindre la gare et prendre le train du retour. Ceux qui avaient juste une affaire à régler ou un rendez-vous à honorer sont contraints d'attendre parfois plusieurs heures pour trouver un train. Une dame en compagnie de sa fille est arrivée vers 14h à la gare épuisée par l'attente et la chaleur étouffante. Elle s'est allongée sur un bac pour attendre le train de 16h20. Devant la seule gargote de la gare de l'Agha, une foule de voyageurs se bouscule pour acheter qui des biscuits, qui de l'eau ou une autre boisson à des prix exorbitants. Le vendeur ne cesse de lancer : «L'eau n'est pas fraîche.» Certains déboursent plus pour un jus ou une limonade fraîche afin d'étancher leur soif. Pour se rendre aux toilettes publiques, il faut traverser la voie ferrée car l'accès à partir de la passerelle a été bloquée. Ce qui expose les voyageurs au risque de se faire écraser par un train, d'autant plus que l'arrivée de ces derniers n'est pas toujours annoncée et quand elle est faite c'est toujours en retard. C'est le cas du train électrifié de Béjaïa qui était déjà en gare en train de charger lorsqu'une annonce par haut-parleur demande aux voyageurs de «s'éloigner des rails, car le train vers Béjaïa a entrer en gare» ! Le train de Tizi Ouzou arrive enfin plein comme un œuf et les voyageurs qui attendaient au niveau de la gare de l'Agha ont dû faire le trajet debout ou assis à même le sol… Un véritable calvaire qui s'achève avec l'arrivée du train à Tizi Ouzou vers 19 h…