Ce mot ne figure pas encore dans le dictionnaire. Mais cela ne saurait tarder. Le barreaudage métallique des fenêtres, portes et balcons, dans toutes les villes, tous les villages, douars et même dans les oasis paisibles de notre pays, s?est installé pratiquement du jour au lendemain, vers la fin des années 80, personne ne connaît les causes profondes de cette pratique digne d?une thèse de doctorat et unique dans le monde entier autant par l?anarchie qui la caractérise que par sa généralisation. Pour l?étranger qui débarque pour la première fois en Algérie, c?est la première image-choc qui s?impose à son esprit. Il est ahuri, médusé, éberlué par cette incroyable débauche de barreaux, de grilles qui font ressembler ce pays à un ensemble concentrationnaire où chacun s?est aménagé sa propre prison, sa citadelle personnelle. Et si au moins tout ce bardage était normalisé. Non ! Chaque habitation a tout le loisir de donner libre cours à sa fantaisie, à ses lubies. Il y en a de toutes les laideurs. Les immeubles décrépis et lépreux ont de vagues allures de prisons hétéroclites où les détenus vivent en famille. Mais d?où peut bien venir une telle peur des autres, une propension aussi maladive à la claustration ? Un phénomène de mode stupide et moutonnier, l?expression d?un recul civique, une abdication totale des pouvoirs publics ? Sous d?autres cieux, juste chez nos voisins les plus proches, même les banques doivent disposer d?une dérogation pour poser des barreaux. En plus de discrets dispositifs d?alarme, c?est l?Etat qui veille.