Constat n Les automobilistes sont usés, voire traumatisés par les bouchons interminables qui se forment à longueur de journée au niveau des routes et autoroutes de la capitale et des grandes villes du pays. Prendre la route, particulièrement à l'est d'Alger, est loin d'être pour les automobilistes, une sinécure, mais plutôt, une torture physique et psychologique qui a fini par achever, par sa persistance et son ampleur, les plus tenaces. Les barrages installés en forme d'entonnoir pour réguler la circulation et contrôler les éventuels mouvements des terroristes suscitent le courroux de ces mêmes automobilistes qui subissent les retombées de l'étranglement des principaux axes, quasiment impraticables même en dehors des heures de pointe. Il n'y a pas un habitué de ces tronçons qui ne rumine pas sa colère en transitant par le tronçon des Bananiers à Bab-Ezzouar ou celui de Réghaïa. «Nous ne contestons pas le travail des services de sécurité et ses bienfaits pour la sécurité des citoyens et des biens. Mais il existe un énorme inconvénient qui nous perturbe dans notre quotidien. Pour me rendre à mon travail à Alger-Centre, j'attends plus d'une heure au niveau de Réghaïa, et, presque autant au niveau des Bananiers», se plaint un automobiliste accosté à l'intérieur du goulot d'étranglement de Réghaïa. Selon notre interlocuteur, un habitué de ce tronçon, «pour franchir le poste de contrôle à l'aller comme au retour, c'est un peu plus d'une heure de souffrance à chaque fois, et de pare-chocs contre pare-chocs». «C'est le même scénario tous les jours de la semaine. A la fin, ça devient un véritable calvaire pour chacun de nous. Faites vos comptes. C'est la bagatelle d'une centaine d'heures de ma vie que je laisse mensuellement dans les embouteillages», reprend son passager. Un autre automobiliste parle d'un «renforcement» des mesures sécuritaires pour tester les opérations de contrôle au niveau des barrages à la veille du mois de ramadan. «C'est ce qui a compliqué un peu plus notre quotidien de routier. Tester un système aux dépens des usagers de la route, c'est absurde. Il ne peut y avoir plus pénalisant que ce genre de procédé pour la population motorisée que nous sommes», témoigne un camionneur abordé à hauteur du barrage de Thénia dans la wilaya de Boumerdès. Les automobilistes sont unanimes sur le fait que ni les ponts réalisés ces dernières années ni les aménagements de carrefours et de bretelles contournant les centres urbains et encore moins les trémies ne sont parvenus à décongestionner les routes et les autoroutes. Les automobilistes endurent le calvaire, notamment au niveau de certains barrages fixes, tel le célèbre tronçon de Réghaïa. Ce dernier fait figure d'un point noir qui, quotidiennement, torture des milliers d'automobilistes. De même celui des Bananiers, de Thénia, des Eucalyptus et de Gué de Constantine. Au niveau de la direction des transports de la wilaya d'Alger, on tient un autre langage. «L'importance du parc automobile, évalué à 1,5 million de véhicules, immatriculés à Alger, ajoutés aux 4 millions qui transitent quotidiennement par la capitale, explique cette saturation du réseau routier et l'étranglement des principaux axes,c'est que Alger qui compte environ quatre millions d'habitants, enregistre un mouvement de circulation de trois millions de voitures chaque jour, soit l'équivalent de 20 fois ses potentialités», nous dit-on. Selon les chiffres officiels publiés par le ministère des Transports et celui des Travaux publics, la capitale est classée parmi les villes qui enregistrent le plus grand taux d'embouteillage. L'asphyxie gagne, il faut le dire, même les rues de l'Algérois. L'urbanisation accélérée et la démographie galopante, conjuguée à l'exode rural, vers les grandes villes et la concentration des différents services administratifs, économiques et sociaux au niveau de la capitale, sont autant de facteurs qui ont contribué à la dégradation de la circulation automobile au niveau d'Alger. Vu sous un autre angle, un embouteillage est une source importante de pollution atmosphérique, due à une consommation supplémentaire de carburant. Selon un universitaire accosté à la sortie du barrage des Bananiers à Bab-Ezzouar, «pour deux milliards de litres de carburant, ce sont cinq millions de tonnes de gaz carbonique rejetés par les automobilistes dans la nature». Encore un autre désagrément pour notre santé.Pour les spécialistes des mathématiques et de la calculette, c'est encore une autre histoire. «A cause des embouteillages, l'économie perd chaque année 1,4% de sa capacité. Sans compter le stress et donc les effets sur la santé de chacun que ces bouchons engendrent», explique un économiste. Et vogue la galère.En attendant les solutions miracle qui vont dégager nos routes et protéger notre environnement, le calvaire continue.