Résumé de la 2e partie n Le petit garçon est autorisé par ses parents à rendre visite au vieux monsieur.. Il y avait là un pot d'œillets tout en verdure, et il chantait à voix basse : «Le vent m'a caressé, le soleil m'a donné une petite fleur, une petite fleur pour dimanche.» Ensuite, le petit garçon passa par une grande salle ; les murs étaient recouverts de cuir gaufré, à fleurs et arabesques toutes dorées, mais ternies par le temps.» La dorure passe, le cuir reste, «marmottaient les murailles. Puis l'enfant fut conduit dans la chambre où se tenait le vieux monsieur, qui l'accueillit avec un doux sourire, et lui dit : «Merci pour le soldat de plomb, mon petit ami ; et merci encore de ce que tu es venu me voir.» Et les hauts fauteuils en chêne, les grandes armoires et les autres meubles en bois des îles craquaient, et disaient : «knick, knack», ce qui pouvait bien vouloir dire : «Bien le bonjour !» A la muraille pendait un tableau, représentant une belle dame, jeune, au visage gracieux et avenant ; elle était habillée d'une robe vaste et raide, tenue par des paniers ; ses cheveux étaient poudrés. De ses doux yeux elle regardait l'enfant. «Qui cela peut-il donc être ; dit-il. D'où vient cette belle madame ?» — De chez le marchand de bric-à-brac, répondit le vieux monsieur. Il a souvent des portraits à vendre et pas chers. Les originaux sont morts et enterrés ; personne ne s'occupe d'eux. Cette dame, je l'ai connue toute jeune ; voilà un demi-siècle qu'elle a quitté ce monde ; j'ai retrouvé son portrait chez le marchand et je l'ai acheté. Au-dessous du portrait, se trouvait sous verre un bouquet de fleurs fanées ; elles avaient tout l'air d'avoir été cueillies juste cinquante ans auparavant. «On dit chez nous, reprit l'enfant, que tu es toujours seul, et que cela fait de la peine, rien que d'y penser.» — Mais pas tant que cela, dit le vieux monsieur. Je reçois la visite de mes pensées d'autrefois, et je revois passer devant moi tous ceux que j'ai connus. Et, maintenant, toi tu es venu me rendre visite ; je me sens très heureux. Il tira alors d'une armoire un grand livre à images, et les montra au petit garçon ; c'étaient des fêtes et processions des siècles passés ; d'énormes carrosses tout dorés, des soldats qui ressemblaient au valet de trèfle de nos cartes ; des bourgeois, habillés tous différemment selon leurs métiers et professions. Les tailleurs avaient une bannière où se voyaient des ciseaux, tenus par deux lions ; celle des cordonniers représentait un aigle à deux têtes, parce que chez eux il faut toujours la paire. Oui, c'étaient de fameuses images, et le petit s'en amusait tout plein. Le vieux monsieur alors alla chercher dans l'office des gâteaux, des confitures, des fruits. Qu'on était bien dans cette vieille maison ! «Je n'y tiens plus, s'écria tout à coup le soldat de plomb qui était sur la cheminée. Non, c'est par trop triste ici, celui qui a goûté de la vie de famille ne peut s'habituer à une pareille solitude. J'en ai assez.» (A suivre...)