Cinéma n Les millions de fans chinois d'Harry Potter vont enfin pouvoir se ruer demain, jeudi, dans les salles obscures pour la sortie du dernier film de la saga en Chine, marché du cinéma à la plus forte croissance mondiale mais qui reste très peu ouvert aux œuvres étrangères. Depuis fin juin, le Parti communiste chinois (PCC), qui préside aux destinées de la deuxième économie mondiale, imposait aux cinémas de diffuser Le début de la grande renaissance, un long métrage de propagande célébrant l'anniversaire des 90 ans de la fondation du parti. Ce film a été projeté sur 7 800 écrans du pays, suscitant les frustrations de nombreux amateurs du jeune sorcier, qui se sont défoulés sur l'Internet en rongeant leur frein. De fait, Harry Potter et les reliques de la mort - partie 2, huitième et dernier épisode qui dépasse désormais la barre du milliard de dollars de recettes totales dans le monde, ne sort en Chine que très tardivement : après même l'Indonésie, où les cinéphiles ont dû attendre qu'un différend financier opposant leur gouvernement aux distributeurs américains soit résolu. «Depuis le premier film, le thème du sorcier m'a tenue en haleine», confie Han Liyuan, 30 ans, une enseignante de chinois. Elle a lu tous les livres de J.K. Rowling, qui a vendu plus de 400 millions d'exemplaires dans le monde de sa fameuse saga. Avec son mari ingénieur, qui a reçu par sa société un billet de cinéma, Mme Han ira voir le film dans une salle proche de leur domicile et ce, même si le couple dispose d'une télévision grand écran chez eux ou qu'ils pourraient facilement télécharger les versions pirates du film qui abondent sur l'Internet. «Les images et les sentiments ne se ressentent pas pareil. Quelque chose manque si vous le ne voyez pas au cinéma», assure la jeune femme. Le goût cinématographique du public chinois s'est affiné, explique Rance Pow, un spécialiste de l'industrie du 7e Art. «Ce n'est pas le problème de savoir d'où viennent les films en soi, c'est seulement que les consommateurs chinois font preuve de plus en plus de discernement et choisissent en fonction de leur portefeuille des histoires qu'ils estiment valoir la somme à débourser», explique-t-il. Les recettes du box-office ont bondi de 64% en 2010 en Chine, même si ce pays limite à 20 par an, un chiffre dérisoire, le nombre de films étrangers distribués sur son territoire. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) appelle d'ailleurs à une ouverture du marché chinois. Les films chinois ont toutefois encore beaucoup de mal à concurrencer Hollywood, en nombre d'entrées, en budget et en recettes.