Résumé de la 3e partie n Le commissaire relate la chronologie de l'affaire qui l'a conduit à l'arrestation des 3 agresseurs... Il serait donc resté au minimum cinq heures sur le bord de cette route, les pieds liés entre eux, nu et par moins seize degrés, attendant un secours qui n'est pas venu puisque l'employé des services postaux, le seul qui ait voulu le secourir, l'a trouvé mort. «Et de quoi est-il mort, docteur ? demande le président au médecin légiste. — De froid, monsieur le président. De froid sans aucun doute : il n'avait que des blessures insignifiantes.» Pourtant il en est passé, des voitures, sur cette route, pendant cinq heures, dans cette nuit du 1er au 2 janvier 1971. La police en a retrouvé une douzaine. Huit conducteurs ont déclaré n'avoir rien remarqué, quatre ont reconnu avoir vu un homme nu, debout, qui faisait des signes. Ce sont ces quatre-là, avec leurs passagers, qui se trouvent actuellement dans le box, accusés de non-assistance à personne en danger. Pour le jeune Jean-Didier Muller, lorsqu'il a vu Ulrich, il était déjà terrassé par le froid, puisque allongé. Mais, comme la neige tombait encore et que l'on n'en a pas retrouvé sur lui, c'est donc qu'elle fondait et qu'il était encore vivant. Mais l'accusé n'est pas descendu de voiture, craignant qu'il ne s'agisse de la ruse d'un homme qui voulait l'agresser. «Ulrich, un agresseur ! s'exclame la partie civile. Lui qui avait mis deux petites roses en décalcomanie sur les portières de sa voiture. Et vous voyez un bandit se mettre nu par moins seize degrés ? Ou bien vous mentez ou bien vous êtes d'une affreuse bêtise ! — Maître, n'injuriez pas l'accusé ! C'est le seul qui ait prévenu la police. — Oui, mais trois quarts d'heure plus tard... et trop tard !» Voici maintenant le joyeux luron moustachu, chef de service dans une banque. Ce bavard de trente-huit ans, connu pour sa jovialité, n'en mène pas large : «Lorsque j'ai aperçu cet homme nu qui faisait des signes en sautant à pieds joints, j'ai pensé que c'était un fou ou un ivrogne. — Et alors ? — Alors j'ai continué. — Et vous n'avez pas prévenu la police. Pourquoi ? — Parce que je ne suis pas un délateur. — Ah ! c'est ça, vous n'avez pas voulu dénoncer un homme qui gesticulait tout nu dans la neige par moins seize degrés. Vous n'avez pas songé une seconde qu'ivrogne ou non, par moins seize degrés, on meurt !» L'avocat de la partie civile se tourne vers le président. «Je ne veux pas injurier le témoin, monsieur le président, je ne parlerai donc pas de bêtise, mais d'un manque total d'imagination. Il est dommage que l'on puisse condamner des gens pour manque de moralité et non pour manque d'imagination, car il arrive que cela ait les mêmes conséquences.» Le cas du fonctionnaire chauve et timide est intéressant. «Oui j'ai vu que quelqu'un me faisait des signes, dit-il. Alors j'ai ralenti. Mais lorsque j'ai vu que c'était un homme nu, j'ai hésité. — Finalement vous vous êtes tout de même arrêté, remarque le président. — Oui après le tournant. — Voilà! Formidable ! Merveilleux sens des responsabilités! hurle la partie civile. Cet homme s'est arrêté lorsqu'il ne voyait plus la victime ! Alors, soulagé de ce spectacle pénible, il s'est empressé de l'oublier et il est reparti.» (A suivre...)