Ils rêvaient d'un eldorado en France et ont échoué sous le métro aérien: des Polonais, Afghans ou Erythréens sont de plus en plus nombreux à camper sur les boulevards du nord-est de Paris, en pleine crise du secteur de l'hébergement d'urgence. «On vit ici dans des conditions épouvantables, c'est dingue ! C'est la France, un grand pays de liberté et de fraternité, mais j'ai l'impression d'être abandonné sur une île», s'insurge un SDF en montrant la vingtaine de tentes dressées sur un terrain de basket-ball sous la ligne 2 du métro aérien, boulevard de la Villette dans le XIXe arrondissement. Quelque 60 migrants afghans survivent dans ce mini-campement de fortune : ils s'entassent à «deux par tente» ou dorment sur des matelas jetés sur le trottoir. «Même les prisonniers de Guantanamo sont mieux traités», lance un autre SDF. Des Polonais semblent mieux supporter leur grande précarité. Ils ont élu «domicile» sous la station de métro Jaurhs. La rue est leur territoire, leur espace de liberté. Ces migrants SDF vivent grâce aux associations caritatives. Le secteur de l'hébergement d'urgence dénonce depuis des semaines des coupes budgétaires du gouvernement. Les associations estiment que le gouvernement «met la charrue avant les bœufs» en commençant à réduire le nombre de places en hébergement sans que suffisamment de logements soient disponibles.