Répression L?armée américaine sur deux fronts : sunnite et chiite. Elle tire sur tout ce qui bouge et les voix des pays qui sont contre l?escalade sanglante se multiplient. L?insurrection des partisans du chef radical chiite Moqtada Al Sadr contre la coalition en Irak s'est poursuivie, hier et la nuit dernière, faisant au moins 156 morts depuis dimanche tandis qu'une douzaine de marines américains étaient tués lors d'affrontements avec des insurgés irakiens dans la ville de Ramadi, à l'ouest de Bagdad. De fortes détonations et des tirs d'armes lourdes ont été entendus encore hier soir dans le centre de Bagdad et dans plusieurs autres provinces pour la seconde nuit consécutive. 30 Irakiens ont été tués et 25 autres ont été blessés dans la nuit de mardi à mercredi à Falloujah (ouest de Bagdad) au cours de violents affrontements entre troupes américaines et combattants anticoalition, a-t-on appris de source hospitalière. Selon des sources au dispensaire populaire, dans les quartiers de Joulane et Dhoubbat les troupes américaines ont tiré sur cette zone au canon de char. Des habitants affirment que des avions de combat ont participé au bombardement et la coalition a dû évacuer, mardi après-midi, une de ses positions dans cette zone, après qu'elle eut été la cible de tirs nourris. 15 Irakiens, dont trois membres de l'Armée du Mehdi, ont été tués à Nassiriyah (sud) lors de heurts entre cette milice du chef radical chiite Moqtada Al Sadr et les forces de la coalition, a indiqué ce matin la police de cette ville, selon un nouveau bilan. Les heurts les plus sanglants ont eu lieu à Sadr City, banlieue déshéritée du nord-est de Bagdad, entre miliciens chiites et troupes américaines. L'objectif des Américains reste toujours d'arrêter Moqtada Al Sadr, visé par un mandat d'arrêt. Le jeune chef chiite a annoncé, mardi, qu'il avait quitté la mosquée de Koufa (Centre) où il s'était retranché «afin d'éviter une effusion de sang» pour regagner Najaf. Il a appelé les peuples américain et européen à faire pression «pour obtenir le retrait de leurs troupes et la fin de l'oppression». Le Premier ministre britannique Tony Blair l'a qualifié de «fanatique» et a prôné la fermeté, affirmant qu'il n'y avait «aucune place pour des milices armées en Irak». Selon des sources chiites, plusieurs tentatives de médiation menées entre Moqtada Al Sadr et la coalition par des chiites modérés, des chefs de tribu et des officiers de police ont échoué. Un représentant du grand ayatollah Ali Sistani a réitéré l'appel au calme et au maintien de l'ordre lancé par le plus influent dignitaire chiite en Irak. Au cas où la situation dégénérerait, le chef du Commandement central américain (Centcom), le général John Abizaid, a demandé à ses commandants de définir plusieurs options militaires. Plusieurs pays, non-membres de la coalition, se sont, eux, inquiétés d'une dégradation de la situation, comme la Jordanie et le Soudan qui ont réclamé que l'ONU joue un rôle «central» en Irak. La Russie a ainsi de nouveau appelé à la convocation d'une conférence internationale sous l'égide de l'ONU, une demande soutenue par la France de Jacques Chirac qui a jugé la situation «préoccupante». Enfin dans ce contexte de guerre, le quotidien britannique Independent a révélé que l'ancien président irakien Saddam Hussein est détenu dans une base américaine au Qatar, pays de la péninsule arabique, et non en Irak.