Dégradation Washington envisage de dépêcher d?autres forces militaires et Bush insiste sur la date du 30 juin. Alors que l?Irak est au bord du soulèvement généralisé et du chaos le plus indescriptible, le président américain George W. Bush fait comme si rien ne se passait et continue d?évoquer ce qu?il appelle le transfert de souveraineté aux Irakiens le 30 juin prochain. Or la situation sur place est quasiment insurrectionnelle dans plusieurs grandes villes du pays par les manifestants chiites, dont le chef radical, Moqtada Al Sadr, fait l'objet d'un mandat d'arrêt. La révolte chiite et les affrontements avec les forces d?occupation, ces trois derniers jours, ont fait des dizaines de morts, dont douze dans les rangs de la coalition : 11 Américains et 1 Salvadorien. Sur le terrain, la situation restait toujours chaotique ce matin et des accrochages ont opposé des soldats italiens à des partisans de Moqtada Al Sadr dans la ville de Nassiriyah (375 km au sud de Bagdad), a indiqué un responsable du parti chiite Dawa. Il a précisé que les affrontements avaient fait des victimes, sans être en mesure d'avancer un chiffre. Auparavant, le porte-parole de la coalition à Bagdad, Dan Senor, avait annoncé qu'un mandat d'arrêt avait été délivré, il y a plusieurs mois, contre Moqtada Al Sadr, accusé du meurtre d'un religieux rival. Mais un porte-parole du bureau de Moqtada Al Sadr à Bagdad, a assuré que le chef chiite «ne sera jamais capturé» par la coalition. De violentes détonations ont été entendues hier soir dans le centre de Bagdad et à Sadr-City (banlieue chiite au nord-est de Bagdad), dans le secteur où sont stationnés des chars américains. En province, plusieurs grandes villes ou lieux symboliques de l'Islam chiite ont été le théâtre d'affrontements ou de démonstration de force des partisans du chef radical chiite. La milice de Moqtada Al Sadr, l?«Armée de Mehdi», a pris le contrôle des lieux saints de Najaf, qui abrite le mausolée et la tombe de Ali, gendre du Prophète Mohammed et fondateur du chiisme, ainsi que ceux de Koufa. Les bases espagnoles de Najaf et Diwaniyah (sud) ont également essuyé des tirs de mortiers qui n'ont fait ni victime ni dégât. A Kerbala, haut lieu de pèlerinage public, les partisans de Moqtada Al Sadr ont pris le contrôle d'un poste de police en fin de matinée, mais n'ont pu s'emparer des lieux saints. A Baâqouba, autre ville sunnite à 60 km au nord de la capitale, un interprète irakien travaillant pour l'armée américaine a été abattu, ce matin, par deux hommes qui ont pris la fuite, selon la police. Parallèlement, c?est dans ce contexte explosif qu?à Bagdad, l'envoyé spécial de l'ONU, Lakhdar Brahimi, a poursuivi, pour la deuxième journée consécutive, ses entretiens avec les dirigeants irakiens sur le transfert de souveraineté, a annoncé son porte-parole. Face à cette situation, le chef du Commandement central américain (Centcom), le général John Abizaid, a demandé à ses commandants de définir sous 48 heures plusieurs options militaires possibles, a indiqué, lundi, un haut responsable du Centcom. Enfin, une majorité d'Américains (53%) désapprouve la manière dont M. Bush gère la situation en Irak contre 37% en janvier, selon une enquête de l'institut Pew Research Center publiée hier.