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Portrait/ Batna
El-Hadj Khelifa, l'horloger
Publié dans Info Soir le 24 - 08 - 2011

Portrait n Doyen des horlogers de la ville, El-Hadj Khelifa Benzedira évoque avec beaucoup de plaisir son métier et raconte avec fierté l'histoire de la passion qu'il voue ,depuis un demi-siècle, à l'horlogerie.
Rencontré par l'APS, une matinée de ramadan dans sa petite boutique située en plein cœur de la capitale des Aurès, appliqué à réparer une montre mécanique, une véritable pièce de musée datant de 1800, Khelifa affirme que cette profession «coule dans ses veines». «Mon grand plaisir est d'entendre à nouveau le tic-tac d'une vieille horloge que son propriétaire croyait bonne à jeter, mais qui reprend vie», dit-il en jetant un regard dédaigneux à une montre «moderne», fonctionnant avec une pile, ramenée par un client. «Réparer une horloge exige beaucoup de concentration et de patience», affirme cet artisan à qui il arrive de passer jusqu'à six heures avant de parvenir à faire repartir une montre. Il travaille toujours dans la même posture, une loupe oculaire accrochée à son œil droit et les deux mains «armées» de petits instruments pour «manipuler» soigneusement les entrailles de la montre défaillante. L'artisan prend tout de même des petites pauses, indispensables pour mener à leur terme des réparations toujours extrêmement minutieuses. Dans sa famille, on est horloger de père en fils. Khelifa a été initié dès ses 16 ans par son oncle paternel, vers 1959, avant d'aller travailler chez un colon, horloger de profession à qui il affirme «avoir pratiquement volé» les arcanes de la profession.
En 1965, il ouvre sa propre boutique où il continue à ce jour de travailler. «Les horloges sont mon monde à moi», affirme cet «artiste» de 70 ans qui poursuit son activité avec le même sérieux et la même passion. «Je trouve un plaisir indescriptible, confie-t-il, à manier les infimes mécanismes d'une montre dont le fonctionnement est aussi rythmé qu'un beau morceau de musique». Khelifa affirme retourner souvent à ses vieilles montres lorsqu'il se sent angoissé et troublé. Une imposante caisse en bois, soigneusement dissimulée dans un recoin de la boutique, renferme sa collection de montres de poche et de montres-bracelets dont la plus vieille a été fabriquée en 1800. Il affirme que le spectacle de vieilles montres maintenues en bon état, le rassure et lui procure un indicible bonheur. Quiconque rend visite à Si Khelifa dans sa petite boutique aura l'impression d'être dans un musée de l'horlogerie où l'on peut découvrir des montres, des pendules, des réveils et des horloges de plus de deux siècles que cet artisan a su maintenir, pour la plupart, en marche grâce à son savoir-faire. Les accessoires utilisés par Khelifa dans son activité de précision ne sont plus sur le marché depuis plus d'un quart de siècle. La table d'axe, les arrache-aiguilles, les tournevis à lame fine et bien d'autres instruments nécessaires pour ses délicates «chirurgies» sont de vraies pièces de musée, aussi anciennes que les authentiques pendules suisses de ce vieil horloger auréssien.


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