Union n Le dialecte écossais, le «scot» a presque disparu, mais il reste la jupe masculine, la cornemuse, le whisky et la pierre du couronnement… Quand on évoque l'Ecosse, on pense aussitôt aux hommes portant la jupe, à la cornemuse, au whisky ou encore au monstre du Loch Ness. Les jeunes, eux, évoquent son équipe de football, mais très peu connaissent la pierre du couronnement, enfermée dans l'abbaye de Westminster, à Londres. Et si certains connaissent la rivalité qui existe entre les Anglais et les Ecossais, très peu connaissent les différends historiques qui les opposent. Au plan géographique, l'Ecosse «continue» l'Angleterre, mais historiquement, elle a longtemps conservé, en tout ou en partie, son indépendance et affirmé avec force son particularisme linguistique et culturel. Au début du XVIe siècle, le prince écossais Jacques VI Stuart devient Jacques Ier d'Angleterre, annexant en quelque sorte l'Angleterre au domaine écossais. Mais les guerres avec l'Angleterre ne seront pas favorables aux Ecossais et, en 1654, Cromwell impose l'union des trois royaumes qui vont composer la Grande-Bretagne : l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande. Cependant, il faudra attendre un siècle pour que le Parlement d'Edimbourg ratifie l'accord d'union. Le Parlement d'Edimbourg est supprimé, et il est remplacé par une représentation écossaise à celui de Westminster, ce qui met fin à l'indépendance du pays. Mais une frange de la population, continuera à la revendiquer. Des batailles sanglantes sont livrées telle celle de Culloden au cours de laquelle les troupes du duc de Cumberland ont massacré des centaines d'Ecossais ou la défaite du Prétendant qui a été suivie par la destruction du système clanique écossais traditionnel des Hightlands. Mais d'une façon générale, l'union a fonctionné sans grandes secousse, les Anglais respectant globalement les termes de l'accord. La représentation écossaise aux Communes ne cessera d'augmenter, passant de 45 sièges en 1707 à 72 en 1885. La population va bénéficier des progrès scientifiques et techniques de la Révolution industrielle, passant de un million d'habitants, au moment de la conclusion du traité à 1,6 million en 1801, puis 3 millions en 1851, 4,5 millions au début du XXe siècle pour dépasser, aujourd'hui, les 5 millions. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, l'Ecosse enregistrait un taux d'alphabétisation de 85%, ce qui était un record à l'époque, non seulement en Grande-Bretagne mais dans toute l'Europe. Le système d'enseignement a la réputation d'avoir été et de rester l'un des meilleurs du pays, grâce au prestigieuses académies, fondées dès le XVIIIe siècle. Le pays connaît aussi, depuis le XVIIIe siècle, un grand développement économique, Glasgow, devenant dès cette époque, le port du tabac. Le charbon et le fer alimentent les industries, l'Ecosse fournissant, en 1865 le quart de la fonte britannique. L'élevage du mouton à laine connaît une grande extension… Ces révolutions et ces acquis ne vont pas sans une perte d'une grande partie du particularisme écossais : le système politique, basé sur le clanisme s'est effondré depuis longtemps, l'Eglise protestante, qui a affirmé son indépendance par un schisme en 1883, s'est réunifiée et le dialecte écossais, le «scot» a presque disparu et la langue gaélique n'est plus parlé aujourd'hui que par 1,5% de la population… Mais il reste la jupe masculine, la cornemuse, le whisky et la pierre du couronnement, symbole de l'indépendance écossaise des siècles passés. (A suivre...)