Appréhension Le prochain derby algérois de la 26e journée entre l?USMA et le MCA sera-t-il le match du second tour de l?élection présidentielle entre Bouteflika et Benflis ? Un match qui n?a pu avoir lieu sur un terrain purement politique. Qui a dit que le football n?était pas l?otage de la politique dans notre pays ? Depuis des années déjà, la nouvelle race de dirigeants et présidents de clubs, qui a mainmise sur le milieu du football, a ouvert la porte à l?aventurisme politique. Depuis des années déjà, l?opinion savait que tel ou tel président avait des accointances avec tel ou tel homme politique ou haut gradé de l?armée. Il y a quelques saisons seulement, ce n?était un secret pour personne le fait que le général à la retraite Betchine soutenait le CS Constantine. Comme ne l?est pas aujourd?hui le fait que le Mouloudia d?Alger roule pour le président réélu Abdelaziz Bouteflika. Le docteur Messaoudi, président du Doyen, avait, à maintes reprises, clamé haut et fort que son club ne faisait pas de politique, mais voilà que lors du match MCA-CABBA des banderoles de soutien à Bouteflika ont été accrochées tout autour du stade Omar-Hamadi. Durant la semaine qui a précédé le scrutin, plusieurs dirigeants, à leur tête le vice-président Torki, avaient rendu visite au bureau du comité de soutien du président-candidat à Bab El-Oued, affichant ainsi leur préférence. Evidemment, la présence de Rachid Marif, directeur du protocole de la présidence et membre influent de l?association El-Mouloudia, explique tout. D?où ce politiquement incorrect affiché par des clubs de foot drainant des milliers de supporters, soit de potentielles voix à racoler. L?USMA n?est pas en reste, puisque, par le passé également, on prête à son président des liens solides avec des généraux et des patrons des services de renseignement et qui avait été «amené» à pondre une motion de soutien à l?ex-général Betchine. Aujourd?hui, il se trouve que les comptes du club viennent d?être gelés par les services du fisc que beaucoup incombent au fait que le président Allik n?avait pas exprimé son soutien au candidat Bouteflika. Contrairement à d?autres, comme le président Hannachi qui s?est affiché le jour de l?annonce de la candidature de Bouteflika à l?hôtel El-Aurassi. Une décision d?autant inexpliquée que la plupart des clubs de la Nationale Une sont dans le même cas que l?USMA. Le scandale du match reporté à Sétif par le premier magistrat de cette wilaya n?a pas encore été digéré par les Usmistes que les voilà sanctionnés sur le plan financier. Ce qui explique, entre autres, les raisons du président Allik à vouloir tout lâcher et partir. Pour certains observateurs, le prochain derby entre les deux clubs algérois serait une sorte de duel, par équipes interposées, entre Bouteflika et Benflis. Sachant que le premier a déjà pris le dessus sur le second de très forte manière, ce dernier n?a qu?une obsession : prendre sa revanche. Dans les chaumières de Soustara et chez les dirigeants de l?USMA on est d?ailleurs persuadés maintenant que leur club fait l?objet d?un complot ourdi qui le priverait d?un troisième titre de champion au profit de la JS Kabylie. Il est temps que les responsables du football et les pouvoirs publics mettent le holà sur ces pratiques, même si beaucoup y voient plus de la rumeur qu?autre chose de concret, car cela exacerbe les passions et alimente les conflits. Et met le football dans des voies dangereuses.