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Esprit panaf
Expressions africaines
Publié dans Info Soir le 28 - 09 - 2011

Initiative n La nouveauté au Salon international du livre d'Alger et ce, depuis 2009, l'année de la tenue de la seconde édition du festival panafricain, c'est la création d'un stand consacré à la littérature du continent.
Il s'agit en fait du prolongement, au travers des lettres, de l'esprit panafricain, d'où d'ailleurs le générique du stand «Esprit panaf» qui accueille exclusivement des auteurs africains. C'est une expérience enrichissante tant elle permet une visibilité des littératures africaines. C'est pour faire exister l'Afrique.
Narriman Zehor Saâdouni en est la responsable.
S'exprimant sur la place qu'occupe le stand au sein même du Salon, elle dira : «C'est d'abord un petit flash identitaire. Il ne faut pas que les gens oublient que nous sommes à la fois musulmans, Arabes, Berbères, tout cet amalgame que l'histoire nous a ramené à travers la succession de colonisations, mais et surtout nous sommes Africains, et beaucoup de personnes l'oublient, parce que, pour elles l'Afrique c'est la couleur. Or ce n'est pas une question de couleur, mais de territoire. Il faudrait que tout le monde le ressente, et l'objectif du Sila est de dire nous sommes Africains avant tout.»
L'activité du stand «Esprit panaf» est centrée autour des conférences ou des rencontres-débats portant sur l'édition et les littératures en Afrique, ainsi que des expositions et des ventes dédicaces. Le stand «Esprit panaf» est comme une passerelle entre les auteurs algériens et ceux du continent noir pour un rapprochement et une meilleure connaissance des uns et des autres.
Il se trouve cependant qu'une fois le Sila terminé, «Esprit panaf» ne sera plus. «C'est vrai qu'après le Salon on en entendra plus parler, et c'est dommage. On voudrait bien qu'il y ait un prolongement au-delà du Salon, à travers des activités liées notamment au livre», souligne Narriman Zehor Saâdouni «Toutefois, poursuit-elle, pour ma part, je continuerai à parler de cet ‘'Esprit panaf'' dans mon émission à la radio ‘'Accès libre'', tous les mardi et mercredi, à 22h, sur la Chaîne 3, où j'aborde toujours l'histoire de l'Afrique, l'africanité et l'appartenance à l'Afrique. Il y a aussi le journal africain, mais cela ne suffit pas pour dire et raconter l'immensité de l'Afrique, sa diversité et sa richesse.» «Il faut que tout le monde s'implique et surtout les instances concernées, à savoir le ministère de l'Education nationale. Il faut introduire encore plus dans les programmes scolaires des textes d'auteurs du continent. Nous sommes tous concernés par l'africanité qui est la nôtre, partie intégrante de notre histoire.»L'Afrique des indépendances, celle de 1969 lors de la tenue à Alger de la 1re édition du Festival culturel panafricain, et celle de 2009 à l'occasion de la réédition (à Alger) de cette manifestation culturelle et artistique, que reste-t-il aujourd'hui de cet «Esprit panaf» ? A cette question, Narriman Zehor Saâdouni répondra : «En tant qu'esprit qui nous habite, il faut que tout le monde prenne conscience, et j'ai constaté qu'en 2009, l'Algérien, le plus moyen, en vivant toute l'activité de la deuxième édition du panaf, s'est retrouvé quelque part, il a renoué avec son africanité, en quelque sorte réconcilié avec son histoire africaine ; pour les anciens, c'était de renouer avec des souvenirs, avec des bribes de la mémoire de 1969, c'était en noir et blanc et en 2009 c'était en couleur. En tant que structure, quand ils m'ont dit de m'occuper du stand, je me suis dit il faudrait que je donne à l'Afrique toute l'ampleur de sa grandeur, de ce qu'elle mérite. Bien qu'il soit un petit stand, par rapport à celui des années précédentes, j'ai voulu d'abord avec un design contemporain, revenir à l'authenticité. On y retrouve tous les éléments inhérents à la culture africaine. D'ailleurs même ceux qui sont venus de pays d'Afrique ont été saisis par l'installation qui a été faite, ils se sont sentis carrément bien chez eux.»
Yacine Idjer
l L'aménagement du stand «Esprit panaf», qui est une installation artistique, est imaginé et conçu par Narriman Zehor Saâdouni. Cette dernière est une plasticienne et critique d'art. A la question de savoir que fait une plasticienne parmi les livres et, plus précisément, à s'occuper du stand «Esprit panaf», Narriman Zehor Saâdouni répondra : «Il ne faut pas dire que j'ai été enrôlée», et de confier : «ça fait longtemps que je flirte avec l'Afrique depuis les années 1980. Je connais une bonne partie de l'Afrique à travers mes voyages. Je connais quelques secrets de l'Afrique, de sa littérature et des différentes ruptures qui se sont produites au cours des décennies, étant donné que ce continent a été particulièrement découpé, lors de la conférence de Berlin, j'ai suivi donc tout cet itinéraire par le biais de mes lectures mais aussi de discussions avec des spécialistes. J'ai donc une grande histoire d'amour avec l'Afrique, et quand ils m'ont fait la proposition de m'occuper du stand «Esprit panaf», j'ai aussitôt sauté sur la proposition. L'Afrique, c'est mon monde.» S'exprimant sur les raisons l'ayant motivée à s'intéresser à l'Afrique, elle dira : «C'est une longue histoire ; déjà dans les années 1980, je voulais m'installer ailleurs qu'en Algérie, mais en Afrique pour dire que l'Algérie est Africaine, je voulais évoluer dans ce milieux-là, et ce n'est pas par exotisme, mais par instinct ; c'est vrai qu'on est tous en quête d'identité, et mon identité première, c'est l'identité africaine, et je la ressens parfaitement, dans mes viscères, partout en moi.»
Y. I.


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