Mission - «On va sur le terrain, on identifie, on photographie et ensuite on détermine le statut de la plante» InfoSoir : Quel bilan faites-vous depuis la réouverture du jardin ? M. Ziriat : Si l'on doit parler bilan, ce sera en termes d'activité. Un jardin botanique, comme c'est le cas de par le monde, est jugé par ses activités. Ce qui est important, ce ne sont ni la dimension ni le nombre d'espèces qu'il abrite, mais beaucoup plus ses activités. Un jardin botanique a des activités scientifiques, notamment de conservation : présenter des collections au public, celles-ci doivent être documentées et faire de la recherche sur les végétaux locaux. Le Jardin d'El Hamma a changé carrément de vocation depuis son ouverture. Sa mission essentielle est l'étude et la conservation des plantes algériennes. L'époque des plantes d'Australie, du Chili est finie, ça n'intéresse plus personne. Chaque pays est responsable de sa biodiversité et de sa conservation. La flore algérienne est très riche et très mal connue. Nous avons des conventions avec les huit parcs nationaux. Plusieurs missions sont organisées dont une qui vient de se clôturer à Chréa. Un conservateur du jardin botanique de la mairie de Paris est ici pour former nos agents à la reconnaissance des plantes… etc. Donc, on va sur le terrain, on identifie, on photographie et ensuite on détermine le statut de la plante. Ceci nous permettra de mener des actions sur les plantes qui sont en voie de disparition. Depuis la réouverture, on a ouvert des parcelles de présentation des huit parcs nationaux. Combien de visiteurs recevez-vous, en moyenne ? L'année précédente, nous avons enregistré entre 800 000 et 900 000 visiteurs. Mais la fréquentation change durant l'année, selon les saisons et les jours de semaine. Il est difficile de vous donner une moyenne, en général, durant les week-ends (au printemps, en automne et en été), on enregistre entre 8 000 et 12 000 visiteurs. Les jours de semaine, on reçoit entre 1 500 à 3 000 visiteurs. En hiver, parfois c'est complètement vide, surtout quand il y a du vent ou de la pluie. Et par mesures de sécurité, nous sommes obligés de fermer carrément le jardin, car il y a des branches d'arbres qui tombent... Il faut également noter que nous recevons de plus en plus de visiteurs étrangers, pour lesquels, le jardin est un passage obligé. Des agents au niveau du jardin nous ont rapporté certains comportements déplorables, comme ceux qui donnent à manger aux animaux alors que c'est interdit… Effectivement, mais je dirai que c'est par méconnaissance. Je crois qu'ils ne le font pas pour faire du mal, mais beaucoup plus par méconnaissance. Ils ne savent pas que si on donne à manger à ces poissons, ils peuvent mourir. Moi personnellement, je m'attendais à pire avant que le jardin n'ouvre. J'ai travaillé pendant vingt ans dans les jardins d'Alger. Il y a de très gros problèmes avec le public. Nous avons mis en place une réglementation, il y a un arrêté du wali d'Alger. Nous avons environ soixante agents qui travaillent directement avec le public. Mais, d'un autre côté, on n'a jamais eu d'agression ni de vol. On a eu deux ou trois bagarres. Certains couples dépassent parfois les bornes mais contrairement à ce qui se dit, on ne les pourchasse pas . On n'est pas une police religieuse.