Position - Le processus des réformes tel que décrété par le président de la République a été détourné et hypothéqué par certains députés notamment ceux du FLN. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, a accusé, hier, certains députés notamment ceux du FLN d'avoir dévié le processus des réformes engagé par le président de la République, car il dérange leurs intérêts personnels. «Il y a des contradictions entre les orientations du président de la République (…) et les positions des députés notamment ceux du FLN qui se sont opposés aux dispositions dérangeant leurs propres intérêts», a-t-elle constaté lors de la présentation du rapport d'ouverture du Bureau politique de son parti à Alger. La promotion de l'exercice de la politique à l'instar de l'interdiction du nomadisme politique, l'obligation des ministres, qui veulent participer aux élections, à la démission trois mois à l'avance, l'interdiction du cumul de fonctions aux représentants du peuple, ainsi que le taux de 33% proposé à la représentation des femmes au Parlement sont les quelques exemples avancés par la conférencière pour appuyer ses dires. Tout en condamnant la position des députés de l'ex-parti unique auquel elle reproche le monopole sur la gestion des projets de loi à l'APN, Mme Hanoune a saisi cette occasion pour s'adresser au président de la République pour qu'il exerce ses prérogatives afin de faire «respecter ses engagements envers la nation». Sur un autre plan, le numéro un du PT a lancé un appel au chef de l'Etat pour enquêter sur la corruption, «dénoncée, affirme-t-elle, par les travailleurs dans plusieurs de nos entreprises et complexes notamment ceux gérés par les opérateurs privés». A titre indicatif, elle cite le complexe de production du lait de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou) où la spéculation du patron sur les produits subventionnés, a été hautement dénoncée par les travailleurs. «Nous demandons l'ouverture d'une enquête sur la corruption au sein de ce complexe», a-t-elle clamé en invitant l'ensemble des travailleurs à se solidariser avec les 19 travailleurs mis à la porte, selon elle, par le patron de cette unité privée. Cette atmosphère de «mépris» à l'égard des travailleurs est devenue, se désole-t-elle, monnaie courante chez les opérateurs privés, et ce, à l'échelle nationale. La grève depuis cinq mois des travailleurs de la cimenterie de Messila, et la récente montée au créneau du personnel de l'hôtel El-Aurassi sont quelques autres exemples évoqués par la même oratrice pour dénoncer cette situation. Devant cet état de fait, la porte-parole du PT ne voit comme solution que la renationalisation des complexes cédés au privé dans le cadre de la restructuration imposée par le FMI au début des années 1990, et la nationalisation des secteurs stratégiques tels l'agroalimentaire et les médicaments qui ne doivent pas, d'après elle, être donnés au privé en mauvaise posture pour leur gestion effective. En outre, tout en valorisant les acquis sociaux des travailleurs en termes d'augmentation de salaire et le régime indemnitaire, elle estime que cela reste insuffisant surtout lorsqu'on sait, d'après elle, que pas moins de 20% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. D'où la nécessité de revoir la politique sociale à même de garantir une ve décente à l'ensemble des citoyens. «L'assassinat de Kadhafi est un crime de guerre» Louisa Hanoune a exprimé son refus d'applaudir la mort du colonel Mouammar Kadhafi, qualifiant cet acte de «crime de guerre». «Je n'applaudirai pas ce crime de guerre contraire à toutes les lois» ni «la loi de la jungle» qui sévit en Libye, a déclaré Hanoune soulignant que «c'est l'OTAN qui a assassiné le colonel Kadhafi». Qualifiant ce qui s'est passé en Libye de coup d'Etat militaire, la Secrétaire générale du PT a mis en garde contre «un tournant dangereux non pas seulement pour la région, mais pour l'humanité tout entière». «C'est l'ONU qui décide où envoyer l'OTAN pour mener des coups d'Etat militaires et tuer des citoyens et c'est elle aussi qui définit les conditions de la reconstruction», a-t-elle ajouté. «L'OTAN n'a pas été envoyée pour aider le peuple libyen mais pour réunir aux firmes étrangères les conditions nécessaires pour accaparer les richesses du pays».