Résumé de la 4e partie Dans la neige à zéro degré, Kiell se dit qu?il ne s?en sortira jamais et qu?il mourra seul dans le froid, car après 4 jours, les recherches sont abandonnées. «Bon Dieu, je ne sens plus ni mes jambes ni mes pieds. Je suis bon pour les pieds gelés. Quand je pense que, si j?avais les pieds nus, la neige aurait fondu autour et j?aurais pu les remuer ! j?aurais pu me retrouver accroupi et creuser la neige au-dessus de moi. Au lieu de ça, je ne peux même pas me retourner sur le ventre et je suis descendu d?au moins trente centimètres ! Je n?arrive même plus à toucher mon plafond de neige de la main ! Qu?est-ce que ça peut bien me donner comme idée, cette branche d?osier que je touche du doigt ? Imbécile ! Bien sûr que ça me donne une idée.» Kiell entreprend de dégager et de tirer à lui la branche d?osier emprisonnée dans la neige. En fait, elle prend racine un peu plus bas et monte plus haut que lui, mais en biais. Il a fallu que la neige fonde suffisamment sous lui, en cinq jours, pour que sa main finisse par en toucher la base. Il la coupe avec son couteau. Comme elle est souple, il réussit à la tirer en la remontant, ployée vers lui. Et pour la même raison, il réussit à retourner la base de la petite branche vers le haut et à la pousser verticalement. Elle fait plus d?un mètre de long. En donnant des petits coups, en la tournant, il perce peu à peu la neige. D?un seul coup, il n?a plus de résistance. Elle a percé. Il était temps, il ne pouvait plus lever la main ! Il redescend la tige et, aussitôt, il a deux résultats : il respire mieux et il aperçoit une étoile. A condition de bien tordre le cou, puisqu?il est toujours à plat ventre, incliné vers le bas. Il pense : «Maintenant, je vais mourir en visant une étoile ! Je ne peux pas agrandir le trou avec ma baguette et ça ne me décoince pas les jambes. Je ne vois pas ce que je peux faire d?autre.» Trois jours plus tard, on le retrouve et on le dégage à la pelle. Avant de renoncer et de s?évanouir, il avait eu une idée : il s?était souvenu que ses deux tickets de cinéma étaient rouges. Il avait fendu la base de la baguette d?osier avec son couteau, y avait inséré la facture du restaurant comme un petit drapeau. Il avait même ligaturé la fente avec son fil à repriser. Et il avait remonté la baguette. La facture. La facture de papier à en-tête rouge dépassait la surface de la neige de cinq centimètres à peine. Un sauveteur l?avait aperçue à la jumelle. Kiell Ericson avait survécu huit jours dans sa tombe de neige ! A l?hôpital, il raconte son interminable monologue. Il en sort sur une chaise roulante, amputé des deux pieds. Un journaliste d?Oslo lui pose cette question étonnée : «Pendant huit jours dans ce cercueil de neige, vous n?avez pas paniqué une seule fois ?» Il lui répond : «J?ai paniqué tout du long ! Mais j?ai finalement réussi à organiser ma panique. ? Et que représentent maintenant pour vous ces huit jours au-delà du monde ? ? ça représente pour moi ce qu?une perdrix blanche peut éprouver avant de mourir. Je n?en tuerai plus jamais.»