Découverte - La présence d'artisans de Jijel venus à Blida dans le cadre des échanges culturels entre les wilayas a permis de lever le voile sur un des aspects de l'activité artisanale. M. Boudiaf Amar (61 ans), est spécialiste dans le travail du bois pour fabriquer des ustensiles de cuisine comme les cuillères, les «gasâa», assiette creuse, la «sahfa», grande assiette pour la préparation du couscous. Il est adhérent à la Chambre de commerce et des Métiers à Jijel mais reproche à cette dernière l'obligation de participation aux frais de transport lors des foires et expositions. «Nous sommes des artisans et ne pouvons guère payer 27 000 DA comme frais de participation afin de pouvoir exposer aux Pins maritimes. Et pourtant, nous garantissons que notre produit est authentique et qu'il peut facilement être écoulé auprès des personnes étrangères ou locales pourvu qu'il soit montré» assure cet homme, héritier de père en fils d'un art qu'il maîtrise depuis 1977, soit plus de 33 ans et sans qu'il pense à s'arrêter. A la question de savoir s'il a pensé à la formation, il a répondu très vite : «On n'encourage guère la formation dans cette spécialité alors qu'elle est bénéfique à plus d'un titre. Le bois se trouve dans la région : derdar, sefsaf et guefch pendant que l'eau qui coule des différentes sources arrose ces plantations tout en évitant les incendies lors des périodes de chaleur. L'ustensile est commercialisable dans toutes les régions d'Algérie, notamment à l'est avec Oued Souf, M'sila, Sétif, Constantine, Annaba, Tébessa et sans parler de Ghardaïa et de Tamanrasset». La bénédiction semble venir de la direction de la culture qui le sollicite pour les échanges culturels : «Je prends avec moi quelques dizaines d'assiettes et des centaines de cuillères de différentes dimensions et je reviens à Jijel, plus précisément à Qaous, sise à 5 km du chef-lieu, les mains vides. C'est dire l'importance de ces échanges mais les foires et expositions thématiques permettent la rencontre avec d'autres artisans et l'enrichissement mutuel dans la spécialité est assuré», déclare celui qui est disposé à exposer prochainement à Béjaïa, ville distante de 90 km mais ne pourra point venir à Tipasa, trop éloignée et l'obligeant alors à dépenser trop d'argent pour être seulement présent. Les directions des Chambres de wilaya pourraient sans doute lever cet écueil afin d'offrir une palette de ce qui se fait le mieux dans chaque spécialité artisanale dans le pays. Il y va également de l'authenticité de chacune des productions présentées. A Blida, les ustensiles en bois reprennent vie et les artisans venant des montagnes du Djurdjura et de la région de Hammam Melouane font leur apparition sur les routes, au grand bonheur des foyers.