Orientation - Fadéla M'rabet est une auteure soucieuse de dire le réel, de décrire son environnement et d'illustrer les comportements et les personnalités qui le composent. Elle écrit pour témoigner et tous ses livres, dont Le café de l'imam, paru aux éditions Dalimen, sont des récits de vie. Fadéla M'rabet entraîne le lecteur dans un univers peuplé de souvenirs. C'est un récit à réminiscences où l'on retrouve ses vingt ans dans une Algérie qui se construit. L'auteure témoigne aussi d'une société qui espère et qui rêve à de meilleurs lendemains. Elle raconte l'Algérie d'autrefois. Elle parle aux lecteurs qui deviennent ses confidents de tolérance, d'engagement, de rêves et d'espoirs. Son récit est un univers, certes imaginé, mais marqué, habité par le monde de son enfance, «une enfance peuplée de femmes et d'hommes magnifiques». «J'écris pour ne pas les oublier», confie-t-elle. Et d'ajouter : «Pour transmettre et témoigner sur l'Algérie de mon enfance.» «Quand je parle ou j'écris, il y a une foule derrière moi et autour de moi, et cette foule est composée justement de ces femmes et de ces hommes qui ont peuplé mon enfance et peuplent encore aujourd'hui ma vie. Je suis habitée par eux et je veux témoigner de leur courage, de leur dévouement, de leur souffrance, de leur combat…» «Tout ce que je dis d'ailleurs dans mes livres, poursuit-elle, je l'ai vécu. Mes livres sont vraiment des témoignages de ma vie et de mon entourage.Tous mes livres sont des témoignages parce que j'ai vécu la colonisation, la guerre d'Algérie, l'indépendance, la décennie sanglante, et c'est en quelque sorte de l'histoire vivante que je rapporte. Je veux témoigner, je veux transmettre.» Interrogée sur ce besoin de témoigner, Fadéla M'rabet, qui se dit être au cœur du monde, répondra : «C'est parce que les jeunes, très souvent, ont une idée très approximative de l'histoire de leur pays, il y a beaucoup de confusion dans leur esprit.» «Il faut que les personnes de ma génération témoignent, écrivent, parce que bientôt ma génération va disparaître, il faut qu'on se dépêche d'écrire et même si c'est subjectif, cela reste de l'histoire vivante, à condition, évidemment, que cette voix soit vraie, juste.» Ainsi, Fadéla M'rabet, qui transcrit dans ses livres des émotions ou bien restitue une mémoire, rapporte la parole des autres, fait entendre la voix d'une société. Elle témoigne d'un moment. «Le réel m'intéresse, je suis là, je témoigne du réel, pour le rendre visible, palpable», dit-elle. Force est de constater que les récits de Fadéla M'rabet sont une sorte de voyage, un va-et-vient entre ici et là-bas. «Tous mes récits sont en effet un va-et-vient entre l'Algérie d'hier et celle d'aujourd'hui, entre la France et l'Algérie, et, à chaque fois, c'est une critique sans complaisance pour le pouvoir, mais cela n'exclut pas la tendresse, l'affection, et je cherche avant tout le mot juste, et si, de surcroît, ce mot est élégant, c'est très bien, je cherche le mot juste.» S'exprimant enfin sur le regard que l'auteure porte, d'un récit à un autre, sur la société algérienne, Fadéla M'rabet dira : «à chaque fois je suis très émue, car je trouve que le peuple algérien est un peuple magnifique, un peuple qui a de multiples activités et une grande créativité, et j'ai tendance à dire que ceux qui nous gouvernent, eh bien, ils ne méritent pas ce peuple courageux et magnifique.»