Résumé de la 1re partie - Après Marion Renard, c'est Perinette Lebeau qui est égorgée. En observant ses blessures, on découvre qu'il y a non seulement des morsures de loup, mais aussi d'hommes... Tous ceux qui sont présents se signent, épouvantés. Un loup-garou ! Ce n'est pas un loup enragé qui a frappé à Saint-Aulaye, c'est un être bien plus dangereux et terrifiant ! Cette fois, l'émotion est immense dans la région et les autorités civiles et religieuses se mobilisent. A l'issue des funérailles de Perinette Lebeau, une procession parcourt la campagne, reliques en tête, pour faire fuir le démon. Le procureur d'office de La Roche-Chalais, Guillaume Perdrier, est saisi de l'affaire. Il mobilise des soldats pour prêter main-forte aux paysans, qui organisent une gigantesque battue. Mais ni l'eau bénite ni les hommes en armes ne se révèlent d'une quelconque efficacité. Le loup-garou du Bordelais est toujours là et ne va sans doute pas tarder à se manifester de nouveau. Porchères se situe au centre du lieu de chasse de l'animal du diable. Ameline Roussel, comme l'infortunée Perinette, est la fille de paysans pauvres qui n'ont pour tout trésor que quelques brebis. La mère est à la maison, le père est aux champs, elle n'a ni frère ni sœur et il faut bien que quelqu'un emmène paître les bêtes. C'est le matin... Ameline récite ses prières, implorant le ciel que le loup-garou n'aille pas dans les parages. Pour se défendre de lui, ses parents lui ont remis un bâton et un crucifix... Soudain, les branches se mettent à bouger devant elle. Elle brandit sa croix en criant : — Arrière, Satanas ! Et tout aussitôt, elle pousse un soupir de soulagement. Ce n'est que Jean Grenier, son voisin. Il a douze ans environ, comme elle, et il est particulièrement fort pour son âge. Il va pouvoir rester avec elle pour la protéger. Elle a un sourire. — Jean, tu m'as fait peur ! Mais elle n'a pas achevé sa phrase que son sourire se fige... Jean Grenier a un drôle d'air... Et puis, il a sa main droite dans son dos, comme s'il cachait quelque chose. Il se met à ricaner. — La bergère de Puymangou, elle aussi, m'a dit : «Tu m'as fait peur !...» Ameline Roussel recule, terrorisée... Elle vient de découvrir ce que son voisin avait derrière son dos : c'est un crâne de loup, dont il fait claquer, les mâchoires. Elle balbutie : — Jean, pourquoi fais-tu cela ? — Parce que j'aime la chair humaine. Je ne peux pas m'en passer ! Ameline reste figée, comme les petites bêtes lorsque le serpent les approche. Elle va se laisser égorger sans se défendre, lorsque, soudain, elle se ressaisit : elle frappe de toutes ses forces avec son bâton... Jean Grenier, qui ne s'attendait pas à cette réaction, pousse un cri de rage. Il a la tête en sang. Il se jette sur elle, tandis qu'elle appelle au secours à pleins poumons. Le garçon est à deux doigts de l'étrangler mais, sans doute alarmé par ses cris, il y renonce et s'enfuit à toutes jambes... Les premiers paysans arrivent quelques instants plus tard, mais cette fois, la jeune victime peut parler : — C'est Jean Grenier... Le loup, c'est Jean Grenier ! La chasse s'organise aussitôt dans Porchères. On ne met pas longtemps à découvrir le coupable dans une masure abandonnée du village et il aurait été sans doute mis en pièces, n'était l'intervention du curé... C'est ainsi que Jean Grenier, douze ans, se retrouve devant la justice, en l'occurrence le procureur d'office de La Roche-Chalais, Guillaume Perdrier... Jean Grenier, s'il est fort pour son âge, ne semble pas, c'est le moins qu'on puisse dire, avoir la même avance sur le plan intellectuel. (A suivre...)