Censé mettre le pays sur les rails de la démocratisation, le Conseil suprême des forces armées (Csfa) à la tête de l'Egypte depuis février dernier, est accusé de vouloir s'incruster au pouvoir et de perpétuer le système répressif en place sous l'ancien président. «Le Csfa était considéré comme le protecteur de la révolution, mais il est devenu un boulet pour cette révolution», écrivait, hier, lundi, l'éditorialiste, du quotidien indépendant ‘al-Chorouq'. «C'est la crise la plus grave depuis près de dix mois parce qu'elle vise directement les militaires et leur chef», le maréchal Hussein Tantaoui. Pour le politologue Moustafa Kamel Sayed, le consensus politique sur le soutien à l'armée qui prévalait après la chute de Moubarak a volé en éclats, que ce soit parmi les Frères musulmans ou les forces laïques libérales et de gauche. «Le conseil militaire se trouve face à l'opposition de toutes les forces qui ont participé à la révolution», relève-t-il. La prise du pouvoir par les militaires avait à l'origine été largement applaudie par la population, reconnaissante à l'armée d'avoir tenu sa promesse de ne pas réprimer la révolte contre Moubarak, et la considérant comme la meilleure garante d'une démocratisation en bon ordre. Près de dix mois plus tard, la lune de miel est largement ternie par l'aggravation de la crise économique et la lenteur, voire l'absence des réformes promises. «L'armée donne le sentiment d'agir comme si le renversement de Hosni Moubarak n'était qu'un coup d'Etat et pas une révolution», souligne Mme Mossaad.