Discussions - Contesté, le pouvoir militaire a tendu la main hier aux deux principaux ténors de la scène politique pour tenter de trouver une issue à la crise. Quelque 40 millions d'électeurs sont appelés à voter à partir de demain lundi. Les élections législatives sont étalées sur près de quatre mois: lundi, elles débuteront dans neuf gouvernorats dont la capitale et Alexandrie, suivies le 14 décembre par notamment Suez (nord-est) et Assouan (sud) et le 3 janvier, par le Sinaï (nord-est) et la région du delta du Nil (nord). Les résultats des trois tours seront connus le 13 janvier. Le cycle électoral se poursuivra du 29 janvier au 11 mars avec l'élection de l'Assemblée consultative (Chambre haute du Parlement). Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute de M. Moubarak, a maintenu le scrutin à la date prévue malgré la crise actuelle. A la veille de ces élections, le chef de l'armée, le maréchal Hussein Tantaoui a rencontré séparément M. ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et M. Moussa, ex-secrétaire général de la Ligue arabe. «Ces deux rencontres ont été consacrées aux derniers développements et de la situation sur la scène locale», a rapporté l'agence Mena, sans plus de détails. Selon des sources politiques, les discussions ont porté sur la création d'un «comité consultatif» civil auprès du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak en février. Mohamed ElBaradei, l'un des acteurs le plus en vue sur la scène politique égyptienne, s'est dit hier prêt à renoncer à ses ambitions présidentielles pour diriger un gouvernement d'union nationale, selon un communiqué de son bureau de campagne. M. ElBaradei est «prêt à renoncer à l'idée d'être candidat à la présidentielle au cas où il lui serait demandé officiellement de former un gouvernement de salut national», annonce le communiqué. «M. ElBaradei a souligné qu'il était prêt à répondre aux demandes des jeunes de la révolution, des forces révolutionnaires réunies sur les places d'Egypte, et des forces politiques, en assumant la responsabilité de former un gouvernement d'union nationale qui représenterait l'ensemble des forces nationales», selon le texte. Ceci «à condition que gouvernement soit doté de toutes les prérogatives pour gérer la période de transition, rétablir la sécurité, relancer l'économie et réaliser les objectifs de la révolution égyptienne», poursuit le communiqué. M. ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la Paix à ce titre, a été acclamé vendredi sur la place Tahrir, où des dizaines de milliers de personnes hostiles au pouvoir militaire manifestent depuis plus d'une semaine. Un jeune manifestant a été tué lors de heurts avec les forces de l'ordre devant le siège du gouvernement, première victime après deux jours de relative accalmie. Et la Coalition de la jeunesse de la révolution, formée durant le soulèvement du début d'année, a appelé sur sa page Facebook à des manifestations massives ce dimanche sur la place Tahrir et dans toute l'Egypte pour réclamer la fin du pouvoir militaire.