Affirmation - La corruption ne peut être éradiquée totalement même avec un arsenal juridique des plus répressifs. C'est « un phénomène complexe aux facettes multiples et on ne peut pas le cantonner uniquement dans une définition légale. Je dirai que là où il y a disfonctionnement pouvant laisser place à des pratiques corruptibles, on est dans la corruption», a estimé ce matin sur les ondes de la chaîne III Mokhtar Lakhdari, Directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice pour tenter de définir le phénomène de la corruption. Selon lui « la définition légale» actuelle dans la législation en vigueur «ne couvre pas toutes les manifestations de la corruption. Elle couvre des actes frauduleux». Un vide juridique ? M. Lakhdari répond : «Nous n'avons pas actuellement dans la législation des vides juridiques. La loi de 2006 a été inspirée de la convention de Genève contre la corruption et toutes les dispositions de la convention ont été insérées dans cette loi». Mais pour l'invité de la radio «le phénomène de la corruption dépasse de loin la sphère légale». Tout en expliquant que le rôle de la justice «est de lutter contre l'impunité», l'orateur estime que «le problème de la corruption ne doit pas être circonscrit dans la sphère juridico-judiciaire. C'est un problème qui nous renvoie à la morale et à l'éthique. C'est un problème qui a besoin de tous les acteurs de la société». Il y a aussi le problème de la compétence des magistrats et des acteurs de la lutte contre la corruption.» «Il est rare de trouver un agent de la police judiciaire ou un magistrat qui maîtrise tous les aspects liés à la corruption. C'est pour cela que souvent, on travaille avec des équipes pluridisciplinaires pour pouvoir contenir tous les aspects du phénomène», a-t-il également relevé. Lutter contre la corruption donc est «un travail qui a besoin d'une contribution des médias, de la société civile et de tous les organes qui sont en charge du contrôle». Interrogé sur les niches de corruption en Algérie, M. Lakhdari, considère que «là où il y a détention d'un pouvoir décisionnel, absence de contrôle, de transparence et de voix de recours, on peut supposer qu'il peut y avoir de la corruption. Là où il y a des personnes qui sont détentrices d'un pouvoir et qui peuvent le monnayer et en tirer profits, il y a donc une suspicion de corruption.» Pour lui «le pouvoir décisionnel se situe à tous les niveaux à commencer par le guichet d'une administration d'un service public jusqu'à tous les niveaux de la décision».