Résumé de la 42e partie - Poirot emprunte le funiculaire pour se rendre aux Roches-Neiges... Et puis il y avait aussi une femme, grande et brune. Elle avait un très beau visage dessiné pour refléter toutes les émotions, mais qui demeurait figé, étrangement inexpressif. Ignorant ses compagnons de voyage, elle regardait fixement la vallée, en bas. Comme Poirot l'avait prévu, l'Américain se mit à parler. Il s'appelait Schwartz. C'était son premier voyage, en Europe. Le paysage était, dit-il, somptueux. Le château de Chillon l'avait beaucoup impressionné. Mais Paris l'avait déçu... Il avait été au Folies-Bergère, au Louvre et à Notre-Dame... Les Parisiens ne connaissaient rien au jazz. Les Champs-Elysées n'étaient pas mal et les fontaines lui avaient bien plu, surtout quand les jets d'eau fonctionnaient... Personne ne descendit aux Avines, ni à Cauronchet. Tout le monde se rendait aux Roches-Neiges, c'était évident. Mr Schwartz donna ses raisons : il avait toujours rêvé d'être un jour dans les neiges éternelles... Il paraît qu'on ne peut pas faire cuire un œuf convenablement à partir d'une certaine hauteur... Dans l'innocence de son cœur, il entreprit de faire participer à la conversation l'homme aux cheveux gris. Mais celui-ci se contenta de lui lancer un coup d'œil froid, par-dessus la monture de son pince-nez, avant de poursuivre sa lecture. Puis, Mr Schwartz offrit à la femme brune de changer de place avec lui. Elle y aurait une vue plus belle. Peut-être ne comprenait-elle pas l'anglais. Mais elle secoua la tête et se serra frileusement dans son manteau de fourrure. — Ça semble drôle de voir une femme voyager seule, sans personne pour s'occuper d'elle, confia Schwartz à Poirot. «Une femme a besoin de beaucoup d'attentions quand elle voyage.» Se souvenant de certaines Américaines qu'il avait rencontrées sur le continent, Poirot acquiesça. Mr Schwartz soupira. Le monde lui semblait inamical et pourtant – ses yeux bruns le proclamaient – un petit peu d'amabilité ne fait pas de mal. Etre reçu dans un endroit aussi retiré du monde par un hôtelier en habit et chaussures vernies semblait pour le moins ridicule. Grand, assez séduisant, le geste noble, il se confondait cependant en excuses. Aussitôt dans la saison... la circulation d'eau chaude ne fonctionnait pas... évidemment, il ferait de son mieux..., mais il ne disposait pas de tout son personnel... Vraiment, il ne s'attendait pas à recevoir autant de clients. Tout cela était dit avec une urbanité toute professionnelle, mais cependant Poirot crut, derrière cette façade polie, saisir un éclair d'anxiété. Cet homme était mal à l'aise. Quelque chose l'inquiétait. Le déjeuner fut servi dans une longue pièce surplombant la vallée de très haut. Le seul serveur, Gustave, était vif et adroit. Les trois hommes de cheval s'étaient groupés. Ils parlaient français, riaient fort. (A suivre...)