Aller chercher de l'eau de source est en passe de devenir une véritable «mode» à Constantine. Les points d'eau disséminés à travers la wilaya, notamment ceux situés en bordure des routes, connaissent une affluence ininterrompue ces derniers temps. L'empressement devant ces sources est quelquefois tel qu'il prend des allures d'attroupements prenant de court les automobilistes non avertis qui se retrouvent brusquement dans un bouchon, en rase campagne, ou en plein milieu d'une voie express et même d'une autoroute qui ont la chance ou la malchance d'abriter une source d'eau sur leur parcours. La curiosité de l'automobiliste non averti est en effet «interpellée» par les longues files de voitures stationnées en bordure de route, puis par tous ces hommes revenant vers leur voiture les mains chargées de jerrycans et de bidons en plastique remplis du «précieux» liquide. Loin de disparaître avec l'alimentation 24 heures sur 24 en eau potable, généralisée ces dernières années à la quasi-totalité des quartiers et des cités de la ville du Rocher, le recours à l'eau de source ne fait, en fait, que prendre de l'ampleur. Certains de ces «chercheurs d'eau» disent avoir la nostalgie du «bon vieux temps» où l'eau était directement puisée des entrailles de la terre, sans subir de traitement chimique. D'autres encore, à l'exemple de Aziz, un infirmier d'une quarantaine d'années, se fendent de grandes tirades sur la qualité de l'eau de certaines sources et sur leur richesse en oxygène, en minéraux, en oligo-éléments et même en anti-radicaux libres, ce qui lui donne, dit-il, des vertus «que l'on ne retrouve pas dans l'eau plate de robinet». Une eau, prétend encore Aziz, «capable d'éliminer les déchets acides toxiques considérés comme les premiers responsables du vieillissement précoce, et de bien des maladies comme la tension artérielle, le diabète, les rhumatismes et même le cancer !». Des sources comme celles d'El-Ghorab, de Sidi Ahmed à Ouled Rahmoune, de Guettar El-Aïch et de Ben Badis (ex-El-Haria) ont même acquis une réputation – qui reste à prouver – de guérir des calculs rénaux. Devant cet engouement pour l'eau de source, certains propriétaires de terrains sur lesquels se trouvent ces points d'eau, parfois des gérants d'unités industrielles, se découvrent des âmes de mécènes à l'ancienne et se lancent dans l'aménagement et l'équipement de leur puits et de leurs sources de manière à faciliter leur accès au plus grand nombre. Il reste à savoir si les «vertus» de ces eaux sont réelles ou supposées et si, surtout, elles ne représentent aucun danger pour la santé.