Conséquence Bouleversement du principe des «territoires contre la paix» après l?aval de la politique israélienne. Le président américain George W. Bush a balayé cette semaine un des fondements de la diplomatie américaine au Proche-Orient en réduisant à néant le principe de restitution des territoires palestiniens en échange d'une paix avec Israël. En apportant son soutien au plan du Premier ministre israélien Ariel Sharon, Bush est, en effet, le premier dirigeant des Etats-Unis à envisager une modification du tracé des frontières d'Israël tel qu'il existait avant la guerre israélo-arabe de juin 1967, tout en écartant un retour sur le territoire israélien des réfugiés palestiniens de 1948. Un revirement d'autant plus net que toutes les précédentes administrations américaines avaient toujours considéré les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies comme une base d'un règlement pacifique du conflit. Les résolutions 242 (22 novembre 1967) et 338 (22 octobre 1973) stipulent explicitement l'obligation de «retrait des forces armées israéliennes des (de selon la version anglaise du texte) territoires occupés» lors du conflit de juin 1967 dans le cadre d'une paix négociée «juste et durable permettant à chaque Etat de la région de vivre en sécurité». Dans un document officiel remis à Bush, Sharon s'est engagé à évacuer la bande de Gaza de «toutes les implantations» d'ici à la «fin 2005», de même que quatre implantations du nord de la Cisjordanie, alors que six principales enclaves de colons resteront en place entre le Jourdain et la frontière de 1967. Pour Stephen Zunes, un spécialiste du Proche-Orient à l'Université de San Francisco, «le président (Bush) a effectivement renoncé aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité». Selon cet universitaire, il s'agit de «l'un des défis les plus flagrants à la loi internationale et à l'intégrité des Nations unies lancé par un président américain». Une approche d'autant plus étonnante, pour cet universitaire, que «Bush a unilatéralement décidé que l'Israël de Sharon, contrairement à l'Irak de Saddam, ne devait pas se soumettre aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies». Outre la 242 et la 338, la nouvelle approche de Bush s'inscrit également en faux par rapport à l'article 49 de la Quatrième convention de Genève (1949) qui pose que «la puissance occupante ne pourra procéder (...) au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle». Pour sa part, l'UE défend une solution négociée et s'efforce de faire bonne figure devant l'unilatéralisme prôné par Israël et approuvé par les Etats-Unis. Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis depuis hier en Irlande, se sont efforcés de rester unis face à ce nouveau cavalier seul américain. Ils ont presque unanimement souligné que la «feuille de route», le plan de paix ayant reçu l'aval de la communauté internationale, Etats-Unis compris, était toujours valide.