Après la sanglante journée de vendredi, dans les territoires palestiniens occupés, Bush consent enfin à réagir ! En est-il temps ? Le déferlement, sans précédent, de représailles contre le peuple palestinien dans les territoires occupés a occasionné, vendredi, une cinquantaine de morts parmi la population palestinienne, alors que 400 Palestiniens sont arrêtés dans les camps de réfugiés de Tulkarm et transférés en Israël. L'armée israélienne a ainsi mené une offensive générale contre la résistance palestinienne en mettant à contribution un arsenal militaire sophistiqué contre un peuple qui n'a que sa foi pour résister à un déni de droit. Durant la semaine rouge, plus de 120 Palestiniens ont été assassinés par les soldats israéliens entre le 28 février dernier, lors de l'incursion de l'armée d'occupation israélienne dans les camps palestiniens de Balata et de Jenine, et le 8 mars, journée la plus sanglante depuis l'avènement de l'Intifadha palestinienne. La répression israélienne, contre un peuple désarmé, fut, sans doute, la goutte qui incita l'Administration américaine à réagir, enfin, contre l'intolérable sauvagerie d'une armée qui s'est engagée délibérément dans l'extermination de tout un peuple. Ce que même les Américains qui, quelque part, ont encouragé, par leur fausse neutralité, le «sharonisme», ont fini par trouver excessif. Ce qui amena le chef de la diplomatie américaine, le général Colin Powell, dans une déclaration devant une commission de la Chambre des représentants, à affirmer: «(...) Le Premier ministre Sharon doit regarder de près la politique qu'il suit et voir si elle marche.» Ajoutant à l'adresse du chef du gouvernement israélien: «Si vous déclarez la guerre contre les Palestiniens et vous pensez que vous pouvez résoudre le problème en observant combien de Palestiniens vous avez tués, je crois que cela ne conduit nulle part.» C'est bien la première fois qu'un responsable de l'Administration républicaine américaine est aussi critique avec le bourreau du peuple palestinien. Jeudi, c'est au tour du président Bush de monter au créneau en annonçant le retour au Proche-Orient de son émissaire pour le Moyen-Orient, le général à la retraite Anthony Zinni. Celui-ci doit théoriquement rejoindre la région la semaine prochaine pour tenter de faire appliquer le plan Tenet (du nom du chef de la CIA, George Tenet) qui suggéra aux Israéliens et aux Palestiniens un ensemble de propositions devant, selon lui, permettre à terme la mise en oeuvre des recommandations de la commission Mitchell. Le plan Tenet, qui devait entrer en vigueur en juin 2001, de même que les recommandations Mitchell, a été, rappelle-t-on, rejeté par Ariel Sharon qui exigeait, entre autres, une semaine de calme total. Le président George W.Bush qui semble avoir donné sa chance à Sharon de solutionner le problème à sa convenance, - après un an et l'échec de la guerre totale imposée, par Sharon, et ayant entraîné plus d'un millier de morts parmi la population palestinienne -, revient avec de «nouvelles» idées qui se sont révélées n'être en fait que la mouture Mitchell-Tenet, que son envoyé Zinni doit voir la façon de la faire mettre en pratique. La vérité est que M.Bush, qui en fait ne propose rien de nouveau, se devait néanmoins d'agir face aux massacres commis contre un peuple sans défense. Massacres qui ont fait réagir et ont soulevé des vagues d'indignation parmi la communauté internationale. Aujourd'hui, sans doute sous la pression «officieuse» de Washington, Sharon n'exige plus «la semaine» de calme absolu et se dit prêt (?) à examiner la mise en oeuvre du plan Tenet. Mais n'est-ce pas un peu tard lorsque l'on sait que le dossier proche-oriental n'est guère un problème sécuritaire comme veut le faire accroire Sharon, mais un problème politique qui demande une solution politique. Ce que la communauté internationale, dans son ensemble, à l'exception remarquable des Etats-Unis, exige aujourd'hui pour sortir la crise du Proche-Orient de son impasse. Ce que réclame également le président palestinien Yasser Arafat qui sollicite l'application pure et simple du droit international par la mise en oeuvre des résolutions 242, 245, 338 et 194 (cette dernière résolution 194/II du Conseil de sécurité, datant de novembre 1949, reconnaît le droit des réfugiés palestiniens au retour) de l'ONU de même que les différents accords existants entre Palestiniens et Israéliens. Accords gelés, rappelle-t-on, en 1996 par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. En vérité, l'urgence aujourd'hui n'est point dans l'application de plans qui ont montré leurs limites, mais bien dans l'envoi dans les territoires occupés d'une force internationale d'interposition, seule à même, outre de séparer les belligérants et de contribuer au retour au calme en réduisant, autant que faire se peut, les violences qui mettent à mal la stabilité du Proche-Orient, participer à la mise en oeuvre des accords du processus de paix engageant les deux parties en conflit et le parrain américain. Aussi, réduire le problème proche-oriental à la seule question de sécurité ou de la «sécurité» d'Israël, tout en n'étant pas productif, fait le jeu de tous ceux, notamment Sharon, opposés à une paix véritable fondée sur le principe de la terre contre la paix, tel que souscrit par la conférence de Madrid et les accords intérimaires israélo-palestiniens d'Oslo de 1993. Tout autre démarche qui ne s'inscrit pas dans ce cadre, soutenu par la communauté internationale, ne sera qu'une fuite en avant et un encouragement à tous ceux disposés à faire encore verser le sang du peuple martyr palestinien.