La conseillère présidentielle pour la sécurité nationale américaine arrive aujourd'hui dans les territoires occupés. C'est sur fond de raids meurtriers israéliens et de contre-attaques tout aussi sanglantes de la résistance palestinienne, que la conseillère du président américain, George W. Bush, pour la sécurité nationale, Condoolezza Rice débarque aujourd'hui en terre de Palestine, pour tenter à son tour de jouer les «pompiers» dans la perspective de sauver la «feuille de route» du naufrage qui la menace. En fait, de quelle utilité peut-être l'intercession de Mme Rice si le parrain américain, du processus de paix s'interdit, encore et toujours, de dire clairement ou se situe l'obstacle qui met à mal la mise en oeuvre de la feuille de route. Et cet obstacle bien connu, c'est Israël, particulièrement son chef du gouvernement, Ariel Sharon, lequel a, au moins par deux fois, par la tentative de faire tuer un des chefs politiques du Hamas, Abdelaziz Al Rantissi, et par l'assassinat du chef de la branche militaire de ce mouvement islamiste, Mohamed Al Kawasmah, avait entravé les efforts du Premier ministre palestinien d'arriver à un accord avec les mouvements islamistes. Par deux fois donc, alors que les islamistes étaient sur le point d'arriver à un consensus avec le chef du gouvernement palestinien, Mahmoud Abbas, dans l'optique d'arriver à un accord pour l'observance d'une trêve, Ariel Sharon enclenchait son armée remettant ainsi en cause tous les efforts consentis par ailleurs par Abou Mazen pour rallier à lui les mouvements islamistes palestiniens. Le fait est que, plus le Premier ministre israélien se montre intransigeant, et en fait à sa tête, plus Washington accentue ses pressions sur la partie palestinienne. Et, une fois n'est pas coutume, de la part des Américains, Mme Rice commence son voyage au Proche-Orient en arrivant dans les territoires occupés où elle doit rencontrer ce soir à Ariha (Jéricho) le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas avec lequel elle doit faire le point sur la situation et, d'autre part, étudier avec lui la relance et la mise en oeuvre de la «feuille de route» telle qu'arrêtée par le sommet tripartite -Bush, Abbas, Sharon- du 4 juin dernier à Aqaba en Jordanie. Venant quelques jours à peine après le séjour dans la région du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, la visite de Condoolezza Rice a pour objectif de contribuer à «stopper» la violence, afin de permettre au processus de paix d'entrer enfin dans le vif du sujet. Cependant, peut-on raisonnablement demander aux Palestiniens d'arrêter leur résistance à l'occupation quand, dans le même temps, Israël poursuit et accentue ses raids meurtriers contre la population civile, -comme celui d'hier qui coûta la vie à quatre Palestiniens dans la bande de Gaza- les assassinats ciblés et les incursions en territoires palestiniens, outre la réoccupation de l'ensemble des territoires autonomes? Il est patent que peu de progrès seront enregistrés, si les Américains ne décident pas d'être également aussi fermes avec les Israéliens. Il ne suffit pas, en effet, de concentrer toutes les pressions sur la partie censée la plus faible, les Palestiniens, tout en laissant faire, ou encore, ce qui est grave-, trouver des excuses, -comme l'ont fait maints responsables américains, y compris M.Bush-, aux exactions de l'armée israélienne contre le peuple palestinien, pour enclencher un processus de paix qui demande avant tout de l'engagement. En fait, les Israéliens ont, maintes fois, montré qu'ils n'étaient pas encore prêts à véritablement s'engager pour la paix, laquelle est censée se réaliser avec les adversaires et non leur être imposée. En vérité, Israël demande la reddition de la résistance palestinienne, réduisant le processus de la «feuille de route» à une simple élimination du «terrorisme» palestinien. Ce qui est la meilleure manière de faire persister la violence dans la région. Lorsque les Israéliens «attendent de l'Autorité palestinienne qu'elle mate ses extrémistes» comme vient de le déclarer le ministre israélien de l'Intérieur, Avraham Poraz, il faut bien convenir qu'Israël à un concept assez singulier de la paix et, partant, du processus devant mener à réaliser la paix et la sécurité pour tous les peuples de la région, y compris le peuple palestinien. En ne remettant pas en cause sa propre occupation des territoires palestiniens, Israël continue ainsi à ignorer le principe de «la paix contre la terre», exigeant la première sans sembler être prêt à céder la seconde. Autrement dit, Israël continue de fermer la porte à une vraie paix négociée avec les Palestiniens.