Micmac Quel casse-tête ! Les publicités se multiplient et les clients ne comprennent rien aux sigles et aux mots nouveaux des vendeurs de sommeil. A Oran, il y a d?excellents hôtels où descendent certains privilégiés, mais la majorité des établissements sont bien en deçà des normes requises. Ils sont en effet plus de 100 hôteliers qui vivent, pour la plupart, loin de la pub des catalogues où l?on vous fait rêver à grand renfort de luxe et de confort. En majorité, ces propriétaires d?hôtels «déclassés» font dans le «tourisme familial et pas cher». Les autres, c?est-à-dire une vingtaine, faisant dans le 2 étoiles et plus, vantent leur «marchandise» tape-à-l??il, n?hésitant pas à pratiquer des prix exorbitants. «Comment voulez-vous que nous appliquions des prix abordables si nous n?avons pas assez de clients ?», déplore ce propriétaire d?un établissement 4 étoiles. Ici, le prix d?une nuitée avec petit déjeuner coûte 11 000 DA, soit un peu plus que le salaire d?un smicard. Il faut, en effet, se munir de beaucoup d?argent pour aller flâner du côté des complexes touristiques qui ont poussé comme des champignons à Aïn El-Turck, où les hôtels sont hors de prix. Après avoir été, des années durant, le point de chute de nombreux clients et autres touristes, notamment en période «basse», les hôtels de la Corniche oranaise attirent de plus en plus de monde. «J?ai investi plus de 17 milliards de centimes pour la construction de ce complexe hôtelier. Au jour d?aujourd?hui, je n?ai pas encore amorti le tiers de mon argent», s?inquiète pourtant un investisseur autofinancé. Dans son hôtel «classé» 5 étoiles, la nuitée est de l?ordre de 9 800 DA, petit déjeuner non compris. Les rares clients que nous avons croisés dans les couloirs de ce luxueux établissement qui surplombe la baie de la Corniche, sont à Oran pour affaires et leur séjour ne dépasse guère les trois jours. «Je préfère descendre à Aïn El-Turck. C?est moins cher qu?à Oran. Et puis, on a le calme et l?eau chaude en plus», affirme ce Sétifien qui séjourne régulièrement à Oran pour ses affaires d?import-export. Depuis les années 1990, la Corniche oranaise et ses hôtels touristiques constituent désormais une région privilégiée, où ceux que l?on nomme communément les «affairistes» y trouvent «pied en mer». Le nombre grandissant d?investisseurs dans la quasi-totalité du secteur lié au tourisme et la rareté des hôtels à Oran, drainent les nationaux et les hommes d?affaires qui choisissent les hôtels de la Corniche oranaise. «Pourquoi voulez-vous aller à Oran alors qu?à Aïn El-Turck vous avez des hôtels pour 2 000 DA la nuitée», apprend-on auprès du syndicat du tourisme. Pour étayer ses affirmations, le responsable du syndicat exhibe des catalogues haut en couleurs : des hôtels à Cap Falcon, Bouisseville et Paradis Plage, à des prix défiant toute concurrence (1 500 et 2 700 DA la nuitée). En contrepartie de ce constat, la ville d?Oran subit, elle, les effets de la récession économique que connaît le secteur du tourisme : le désinvestissement, l?absence de débouchés et de personnel chevronné, y compris pour l?encadrement. «Actuellement et depuis ces dix dernières années, une petite chambre d?hôtel déclassé à Oran coûte entre 2 900 et 3 200 DA la nuitée, alors qu?à Bousfer-Plage et Aïn El-Turck vous pouvez avoir mieux pour moins cher», commentent certains habitués au repos oranais. Cette spéculation qui se pratiquait en catimini, a acquis aujourd?hui un statut légal.