Finalement, la bombe sociale est désamorcée in extremis au niveau de la mythique zone industrielle de Rouiba. La grève des travailleurs de la SNVI qui avait débuté hier soir, n'a duré que quelques heures. La direction des mécanos a cédé aux revendications du syndicat. Une réunion marathon s'est tenue durant toute la nuit d'hier jusqu'au petit matin pour enfin trouver un terrain d'entente avec les représentants des travailleurs. Une autre action de protestation est prévue pour lundi prochain par les travailleurs de toutes les entreprises de la zone de Rouiba. Il est 8h 30min, ce jeudi, lorsque nous arrivons devant le portail de l'usine de la SNVI au niveau de la zone industrielle de Rouiba. Plus de 2 000 travailleurs ont observé, dans la nuit d'hier, un mouvement de grève. Des banderoles sont accrochées sur les grilles du complexe donnant un avant-goût de ce qui devait suivre dans la matinée d'aujourd'hui. L'irréparable a été évité lorsque le secrétaire général du syndicat d'entreprise se présente avec un procès-verbal de réunion pour annoncer l'accord intervenu entre les élus des travailleurs et l'administration de la SNVI. «Nous avons conclu avec la direction, d'un commun accord, de modifier l'appellation de la médaille du mérite en médaille de fidélité qui sera attribuée les mois de janvier, février et mars 2012, selon le seul critère d'ancienneté», nous dit Mohamed Arezki Belmouloud, secrétaire général du syndicat d'entreprise. Concernant les contrats des cadres gestionnaires retraités rappelés par l'entreprise, «il a été décidé d'y mettre fin à compter du 31 décembre prochain», ajoute notre interlocuteur. Concernant les plans de réorganisation et de formation pour l'année 2012, «il a été décidé de traiter ces deux points lors d'une séance de travail programmée pour le 29 du mois courant». Pour le dossier de partenariat avec une entreprise étrangère, «un point de situation sera communiqué par la direction générale au syndicat d'entreprise lors de la prochaine séance de travail», poursuit M. Belmouloud qui menace encore d'investir la rue en cas de marche arrière de l'administration. «Si la direction se rétracte, je porterai toujours accroché à mon cou le sifflet». Au sujet de la marche et le sit-in prévus pour lundi prochain, le syndicaliste maintient que les travailleurs de la SNVI seront présents en masse. «Nous avons des traditions syndicales auxquelles nous n'allons pas renoncer aussi facilement. Nous serons présents pour apporter notre soutien à tous les travailleurs opprimés à travers l'ensemble du territoire national», tempête celui qui est taxé par les travailleurs de «syndicaliste pur et dur». La protesta de lundi maintenue Le secrétaire général de l'Union locale de Rouiba/ UGTA, Mokdad Messaoudi, qui se félicite de l'accord intervenu entre le syndicat de la SNVI et l'administration, maintient son mot d'ordre d'une marche et d'un sit-in au niveau de l'esplanade de la Centrale UGTA. «Il y a un Etat dans un Etat. Les responsables font fi des lois de la République. A partir d'aujourd'hui, que chacun assume ses responsabilités face au destin de notre mouvement que nous voulons pacifique, mais gare aux dérapages si, par malheur, les parasites, en particulier les gestionnaires retraités mais toujours en activité pour percevoir un double salaire, tentent de faire dans la manipulation», avertit notre interlocuteur. «La nécessité d'investir la rue nous a été imposée par une administration irresponsable. Nous n'avons pas demandé des augmentations de salaires, mais l'application des lois de la République», ajoute-t-il. La violation du droit syndical est également au menu des discussions avec le représentant des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba. Le secrétaire général de cette puissante Union locale/UGTA de Rouiba n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer ceux qui bafouent les lois au détriment des travailleurs. «La loi 90-14 portant sur le droit syndical est quotidiennement violée à travers les sanctions et licenciements de travailleurs et les poursuites judiciaires à l'encontre des syndicalistes. Nous constatons qu'il y a des parties qui veulent le pourrissement. Elles veulent mettre le feu à la région. Cette fois-ci, elles vont trouver une organisation syndicale pour leur barrer la route. A l'image des responsables de la SNVI qui ne sont revenus à la raison qu'après avoir senti le vent de la colère souffler. La répression et la hogra engendrent l'explosion sociale. En ce qui concerne la position de notre structure syndicale, nous sommes avec les travailleurs même s'il faut marcher dans les rues de la capitale», dit-il d'un ton qui dénote sa colère face à certains dépassements qui portent préjudice à la représentativité des travailleurs affiliés à la doyenne des organisations syndicales en Algérie, l'UGTA.