Récolte - L'hiver s'installe petit à petit sur les hauteurs de la Kabylie et dans plusieurs régions du pays. Pour les gens c'est l'annonce du début de la saison de la récolte des olives. Dans les villages, les hommes et les femmes, sont à l'œuvre, ils prennent la route des oliveraies de très bonne heure. On les voit en ces matinées de décembre, dès les premières lueurs du jour, sur les routes, marchant en groupes silencieux emmitouflés de châles, des corbeilles de roseau ou d'osier à la main. Qui n'a pas vu ces braves hommes et femmes se diriger vers l'une de ces nombreuses oliveraies. «J'ai dû prendre 15 jours de congé supplémentaires pour aider ma famille dans la cueillette», nous a confié Ahmed salarié à la commune. Beaucoup d'autres travailleurs font de même. Malgré le froid et le vent, les oliveraies ne désemplissent pas. Ainsi hommes et femmes se rendent chaque matin à leurs champs pour la cueillette des olives. «Nous profitons du beau temps pour récolter la plus grande quantité possible, car les jours de pluie nous ne nous déplaçons pas», nous explique Ahmed. À signaler que la plupart des oliveraies dans la wilaya de Tizi Ouzou sont situées sur des hautes collines sans accès automobile. «Les autorités locales nous ont promis des pistes agricoles, mais jusque-là rien n'a été fait», nous a dit un citoyen du village Aït Imghour. En l'absence d'accès automobile, beaucoup de personnes sont contraintes de parcourir quotidiennement parfois plus d'un kilomètre à travers des sentiers tortueux pour atteindre leurs oliveraies. Le relief accidenté qui caractérise la wilaya rend la tâche des paysans très difficile. Hormis quelques agriculteurs qui possèdent des tracteurs et d'autres véhicules utilitaires pour le transport des sacs d'olives ramassés pendant la journée, les autres, pratiquement la quasi-totalité, utilisent des ânes pour accomplir ce rude travail. La cueillette des olives est considérée comme une tradition familiale à laquelle tout le monde prend part, même des personnes n'ayant rien à voir avec l'agriculture. Ainsi on peut rencontrer des infirmiers, des instituteurs, des commerçants et même des étudiants, revêtus de tenues réservées spécialement à la cueillette. Selon les sages de la région, la cueillette des olives renforce les liens familiaux par le biais de l'entraide et la touiza. Par ailleurs, les malades ou les personnes âgées qui ne peuvent pas récolter leurs olives, confient cette tâche aux paysans qui ne possèdent pas de champs en contrepartie de la moitié de la récolte. Cette pratique est quasiment répandue dans toutes les localités de la wilaya, elle permet aux plus démunis des paysans de subvenir à leurs besoins en matière d'huile et même de vendre l'excédent.