Essartage, nettoyage des oliveraies, sorties collectives aux champs, réapparition des pulls et vestes après leur longue éclipse en été… l'automne est bien là avec ses parfums et ses travaux qui annoncent l'approche de la cueillette des olives. A peine les premières averses tombées et la fête de l'aïd el fitr expédiée, que les paysans de plusieurs localités de Sidi Aïch se sont précipités vers leurs oliveraies pour y procéder à divers travaux de nettoyage avant l'ouverture de la saison des olives. Les pluies abondantes qui se sont abattues sur la région, ces derniers jours, sont arrivées à point, d'autant que la canicule qui a sévi pendant le mois de ramadhan a failli compromettre la récolte de cette saison qui s'annonçait pourtant prometteuse. En plus de faciliter les travaux champêtres, ces pluies augurent aussi d'une bonne récolte. C'est donc, avec joie que l'on se rend à ses olivettes et que l'on s'adonne à ces préparatifs qui sont adoptés comme de véritables rituels qui facilitent la cueillette des olives. « Comme on ne se souvient de nos oliviers qu'en automne et que nos champs sont devenus de véritables maquis, ce nettoyage d'automne est devenu quasiment une obligation pour rendre la cueillette moins ardue » nous dit un paysan qui regrette le bon vieux temps où les champs étaient travaillés à longueur d'année. En cette première semaine d'octobre, dans beaucoup de localités de la daïra de Sidi Aïch, on réapprend enfin à vivre la terre après la vie assourdissante de la saison estivale. On essarte, on nettoie les herbes folles, on procède au brûlage du bois et des broussailles essartés…. On tient à être à jour et avoir ses oliveraies bien nettoyées avant le lancement de la récolte, une étape appelée « Lahlal » et qui se situe, à Sidi Aïch, dans la dernière semaine d'octobre. Le spectacle qu'offre les oliviers cette année est tout simplement réjouissant ; ils croulent sous d'abondants fruits contrairement à la saison passée où la récolte a été très maigre ce qui fait d'ailleurs qu'actuellement le litre d'huile d'olive vierge de certaines régions est cédé à 450 ou 500 dinars. Le métayage qui était auparavant un mode d'exploitation agricole marginal devient, ces dernières années un fait à la mode. Plusieurs propriétaires d'oliveraies, pour une raison ou une autre, cèdent leurs champs à récolter à un autre en contrepartie de la moitié de la récolte. Ils sont ainsi des dizaines parmi les nouvelles générations à laisser aux autres le soin de travailler leurs oliveraies. « Si c'est compréhensible pour ceux qui sont installés en ville, c'est inadmissible pour ceux qui habitent dans les villages ; on doit ramasser soi-même sa récolte » nous déclare Da Tahar, en pestant contre « Lqarn khamsetache », le XVe siècle de l'hégire. Les vieux, en cet automne, regardent avec amour leurs oliveraies, ils guettent quotidiennement le ciel attendant quelques pluies régénératrices, ils prient le Ciel pour rendre le temps plus clément, et la récolte abondante…. Les gestes de l'automne c'est finalement chez eux qu'on les retrouve. Ils sont à la terre ce que sont les jeunes aux rêves. Que deviendra le travail de la terre dans nos montagnes une fois ces derniers paysans disparus ? Les préparatifs de la saison des olives ont, à Sidi Aïch, le parfum devieux paysans.