Profit La droite israélienne exulte, le camp pacifiste est sous le choc, les Européens sont accablés et les Palestiniens effondrés. Pour la première fois, un président américain a reconnu que les lignes d'armistice de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, celles de la «ligne verte» d'avant la guerre de juin 1967, à la suite de laquelle les territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ont été occupés par les troupes israéliennes, n'étaient plus sacro-saintes. Ces déclarations sont effectivement sans précédent. Mais George Bush est encore plus explicite dans la lettre qu'il a remise au Premier ministre. Le président américain a non seulement cautionné le plan de séparation d'avec les Palestiniens que Sharon était venu lui soumettre, mais il s'est aussi adressé implicitement aux membres du Likoud, qui doivent se prononcer sur le plan par référendum, le 2 mai, louant le leadership du Premier ministre israélien. Ceux qui, au sein du parti, s'opposaient jusqu'ici au plan en considérant comme une «trahison» sa décision d'évacuer les colonies de la bande de Gaza, vont devoir revoir leur position. Plusieurs ministres ont déjà annoncé qu'ils se rallieraient à Sharon. Son plus dangereux rival, l'ex-Premier ministre Netanyahou, qui avait posé des conditions pour soutenir le plan, devrait se déclarer satisfait après le «niet» de Bush sur le droit au retour des Palestiniens dans les frontières d'Israël et le maintien des grands blocs de colonies. Un sondage de la radio militaire israélienne annonçait, vendredi, que la majorité des membres du Likoud (57,5%) soutiendrait le plan de Sharon, qui prévoit l'évacuation de Gaza et de quelques colonies isolées de Cisjordanie et le maintien des grands blocs d'implantations derrière la barrière de séparation qu'Israël construit en Cisjordanie.