Conséquence L?escalade dangereuse au Proche-Orient, qui ne manquera pas d?avoir des répercussions sur la paix dans le monde, risque de balayer les rêves des Palestiniens d?avoir leur Etat. Au-delà de la gravité du crime que vient de commettre Sharon qui, assuré de l?impunité que lui garantit son alliance avec le gendarme du monde, viole, encore une fois, toutes les conventions et lois internationales, l?assassinat d?Al-Rantissi vient poser de sérieuses interrogations sur le devenir des Palestiniens. Visiblement, l?Etat d?Israël est déterminé à en découdre, une fois pour toutes, avec le mouvement Hamas. Sachant que ce dernier constitue jusqu?à présent la seule arme que l?Autorité palestinienne pouvait brandir pour équilibrer un tant soit peu les rapports de force, il y a lieu de constater l?état de vulnérabilité auquel sont réduits les Palestiniens. Même si les promesses de vengeance se sont multipliées aussi bien après l?assassinat de cheikh Yassine que de celui d?Al-Rantissi, il demeure que psychologiquement, et même concrètement, le mouvement vient de subir deux coups très durs dont il n?est pas près de se relever. Les dizaines de milliers de Palestiniens sortis accompagner les deux hommes à leur dernière demeure étaient rongés par une haine puissante, certes, d?intensité, mais impuissante dans les faits. Depuis qu?il est au pouvoir, Sharon s?est, en effet, employé et a réussi à réduire considérablement leur marge de man?uvre. Arafat, qui sillonnait le monde plaidant la cause de son peuple, négociant et arrachant le soutien de pays arabes souvent récalcitrants ou hésitants, est, depuis plus de deux années, «prisonnier» des Israéliens qui lui interdisent de dépasser les frontières de Gaza. Le symbole de la résistance des Palestiniens doit d?ailleurs une fière chandelle aux Américains d?être encore en vie. Mais pour combien de temps encore ? Isolant le chef de l?Autorité palestinienne, Sharon s?est donc consacré ensuite au décapitation du seul mouvement qui pouvait l?inquiéter sur le terrain. L?étau se resserre ainsi plus que jamais autour des Palestiniens qui doivent au duo Sharon-Bush des milliers de morts, des milliers de maisons dynamitées et des centaines de nouvelles colonies. Ce qui se passe, depuis quelque temps, au Proche-Orient n?est ni plus ni moins qu?un règlement du conflit séculaire à la façon du Far West, du temps où il n?y avait ni ONU, ni Conseil de sécurité, ni?.veto US. Balayant d?une pichenette les accords d?Oslo, la feuille de route et tous les accords conclus sur la question, Sharon et Bush viennent, il y a quelques jours, de décider unilatéralement que les réfugiés palestiniens, entre autres, doivent oublier leur rêve de retour et que les colonies de Cisjordanie sont bien là où elles sont. En l?absence d?une protection internationale, que peuvent faire les Palestiniens ? Le terrorisme de Sharon va certainement encore plonger le monde dans une spirale de violences qui ne servira personne pas même les Palestiniens dont le sort semble malheureusement scellé. Ce ne sont sûrement pas les pays arabes ou musulmans, qui n?arrivent même pas à s?entendre sur une date ou un lieu pour leur réunion, qui y changeront quelque chose.