Le chef du gouvernement israélien franchit un nouveau pas dans l'ignominie en menaçant de mort le président palestinien Sharon vient de récidiver en proférant dans une série d'entretiens avec des médias israéliens des menaces de mort contre le président palestinien Yasser Arafat Ces menaces qui ont été répercutées, jeudi et hier, par de nombreux journaux, la radio et la télévision israéliens interviennent au moment où une délégation américaine, conduite par le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé du Proche-Orient, Williams Burns, séjournait en Israël Les déclarations du chef du gouvernement israélien à propos du président de l'Autorité palestinienne sont sans précédent dans le monde et montrent le peu de cas que Sharon fait de l'opinion internationale alors même que des représentants de l'un des principaux parrains du processus de paix (dans le cadre du quartette composé des USA, UE, ONU et Russie) se trouvent en Israël. Selon la télévision israélienne, Sharon a affirmé qu'«il n'est pas sûr que Arafat puisse se maintenir en place», alors que Haaretz rapporte ces propos, «Je ne lui proposerai pas de se sentir protégé. Je ne proposerai à aucune compagnie d'assurance de l'assurer sur sa vie», soulignant aux quotidiens Yediot Aharonot et Maariv que «quiconque tue un juif ou frappe un citoyen israélien ou envoie quelqu'un tuer des juifs est un homme dont le sang retombera sur sa tête, autrement dit responsable de sa propre mort». Acculé par la justice de son pays, qui l'a pris la main dans le sac de la corruption, Sharon tente ainsi de détourner l'attention sur Arafat faisant quasi officiellement des appels au meurtre du dirigeant palestinien. Voilà un grave précédent de la part du premier responsable israélien, d'autant que cela intervient quelques jours à peine après l'assassinat par l'armée israélienne, du chef spirituel du mouvement palestinien Hamas, Ahmed Yassine. Sharon confirme ainsi qu'Israël veut assassiner le président palestinien, remettant à l'ordre du jour la décision de «principe» prise par le cabinet israélien en septembre de l'année dernière de «se débarrasser» de M.Arafat Prenant au sérieux ces menaces, Nabil Abou Roudeina, conseiller du président Arafat, a mis en garde Israël, estimant: «C'est une menace sérieuse et grave qui vise à torpiller le processus de paix» ( ) «Israël se livre à une escalade sans précédent qui aura des conséquences dangereuses», affirmant qu'Israël «portera la responsabilité des conséquences de tout acte qu'il entreprendra», appelant enfin le Conseil de sécurité et la communauté internationale à intervenir pour «mettre fin aux agissements israéliens qui se répercutent sur la situation dans toute la région» Ce qui est grave aussi et doit être relevé est le fait que les responsables de l'administration américaine, présents en Israël jeudi - au moment où Sharon proférait ses menaces contre Arafat - n'ont pas jugé utile de réagir aux appels au meurtre du dirigeant israélien qui mettent de facto Israël dans la catégorie des Etats voyous. De fait, ce nouveau fait «d'arme» de Sharon a concouru a éclipser la présence au Proche-Orient de la délégation américaine composée de Williams Burns, Stephen Hadley, conseiller présidentiel adjoint pour la sécurité nationale, et Elliot Abrams, directeur pour le Proche-Orient au sein du Conseil national de sécurité, qui devait théoriquement faire le point avec les responsables israéliens et palestiniens sur la situation générale dans la région de même que s'informer du plan de séparation de Sharon pour Gaza. Ainsi, Sharon a eu des entretiens avec la délégation américaine, avant la visite qu'il doit entreprendre à Washington (le 14 avril) à l'invitation de George W.Bush Les médias israéliens faisaient état, jeudi, du «souhait» du chef du gouvernement israélien, qui espère que le président Bush, «reconnaîtra l'annexion dans le cadre d'un futur règlement de trois grands blocs de colonies en Cisjordanie, fera une déclaration niant le droit au retour des réfugiés palestiniens et considèrera que sa lutte contre le Hamas s'intègre dans la guerre mondiale contre le terrorisme» De fait, Sharon ignore totalement le processus de la «Feuille de route» et cherche surtout à imposer la seule vision d'Israël au retour à la paix dans la région. Après sa rencontre avec les émissaires américains, le Premier ministre palestinien Ahmed Qorei a expliqué à la presse la position palestinienne : «Nous avons évoqué la question des assurances et des garanties qui peuvent être données aux Palestiniens afin que cela (le retrait de Gaza) ne préjuge pas de l'issue des négociations sur Jérusalem, les frontières, les réfugiés et l'eau», soulignant : «Toutes ces questions doivent être résolues à travers des négociations avec les Palestiniens. Nous ne sommes pas contre un retrait de Gaza, à condition qu'il s'agisse d'une étape vers l'application de la Feuille de route» Reste à voir si les émissaires ont bien reçu le message palestinien au moment où Sharon veut gérer à sa façon et à sa guise le contentieux proche-oriental.