Résumé de la 3e partie - Arrivées au jardin, Elsie et Miss Barbara sont surprises d'y trouver M. Bat, le précepteur des frères d'Elsie... Je n'ai pas d'ordres à vous donner, reprit Barbara avec aigreur, mais il m'est permis de croire que vous seriez mieux au parloir avec la famille. — Je suis mal au parloir, répondit modestement le précepteur, mes pauvres yeux y souffrent cruellement de la chaleur et de la vive clarté des lampes. — Ah ! Vos yeux craignent la lumière ? J'en étais sûr ! Il vous faut tout au plus le crépuscule ? Vous voudriez pouvoir voler en rond toute la nuit ? — Naturellement ! répondit le précepteur en s'efforçant de rire pour paraître aimable : ne suis-je pas une bat ? — Il n'y a pas de quoi se vanter ! s'écria Barbara en frémissant de colère. Et elle entraîna Elsie, interdite, dans l'ombre épaisse de la petite allée. — Ses yeux, ses pauvres yeux ! répétait Barbara en haussant convulsivement les épaules ; attends que je te plaigne, animal féroce ! — Vous êtes bien dure pour ce pauvre homme, dit Elsie. Il a vraiment la vue sensible au point de ne plus voir du tout à la lumière. — Sans doute, sans doute ! Mais comme il prend sa revanche dans l'obscurité ! C'est un nyctalope et, qui plus est, un presbyte. Elsie ne comprit pas ces épithètes, qu'elle crut déshonorantes et dont elle n'osa pas demander l'explication. Elle était encore dans l'ombre de l'allée qui ne lui plaisait nullement et voyait enfin s'ouvrir devant elle le sombre berceau au fond duquel apparaissait le pavillon blanchi par un clair regard de la lune à son lever, lorsqu'elle recula en forçant miss Barbara à reculer aussi. — Qu'y a-t-il ? dit la dame aux gros yeux, qui ne voyait rien du tout. — Il y a... il n'y a rien, répondit Elsie embarrassée. Je voyais un homme noir devant nous, et, à présent, je distingue M. Bat qui passe devant la porte du pavillon. C'est lui qui se promène dans votre parterre. — Ah ! s'écria miss Barbara indignée, je devais m'y attendre. Il me poursuit, il m'épie, il prétend dévaster mon ciel ! Mais ne craignez rien, chère Elsie, je vais le traiter comme il le mérite. Elle s'élança en avant. — Ah ! çà ! Monsieur, dit-elle en s'adressant à un gros arbre sur lequel la lune projetait l'ombre des objets, quand cessera la persécution dont vous m'obsédez ? Elle allait faire un beau discours, lorsque Elsie l'interrompit en l'entraînant vers la porte du pavillon en lui disant : — Chère miss Barbara, vous vous trompez, vous croyez parler à M. Bat et vous parlez à votre ombre. M. Bat est déjà loin, je ne le vois plus et je ne pense pas qu'il ait eu l'idée de nous suivre. — Je pense le contraire, moi, répondit la gouvernante. Comment vous expliquez-vous qu'il soit arrivé ici avant nous, puisque nous l'avions laissé derrière et ne l'avons ni vu ni entendu passer à nos côtés ? (A suivre...)