Résumé de la 8e partie - Ces deux enfants se seraient-ils inspirés de la cassette vidéo que le père de l'un d'eux avait achetée un mois avant le meurtre ? Au bout de trois semaines de débats, on en arrive enfin aux plaidoiries. le procureur insiste sur le plus important à ses yeux : la conscience claire du bien et du mal qu'ont, selon lui, les garçons A. et B. Bien sûr qu'ils ont fait le mal, s'écrie-t-il. Un enfant de quatre ans l'aurait su ! Et il insiste sur la préméditation de cet «acte diabolique», réclamant en conclusion la peine de prison indéterminée prévue par la loi anglaise. Les avocats des accusés plaident, comme prévu, l'innocence de leur client... Me David Turner, avocat du garçon A. : — C'est le garçon B. qui a tout décidé. C'est lui qui a pris l'enfant par la main ! Me Brian Walsh, avocat du garçon B. : — A. est un fieffé menteur ! Il a menti à la police. Il n'a montré aucun remords, alors que le garçon B. a demandé pardon à la mère de sa victime. Contrairement à ce qui se passe en France, en Angleterre, ce n'est pas la défense qui a le dernier mot, c'est le président. Une fois les débats terminés, le juge Morland s'adresse aux jurés pour leur dire sa façon de voir les choses. Il leur fait longuement la leçon. — Les déclarations à la police de A. contre B. ou de B. contre A. ne sont pas des preuves. Il faudra que vous soyez sûrs que les enfants avaient bien l'intention de tuer ou de blesser grièvement James et qu'ils savaient que c'était mal pour les condamner pour meurtre. Sinon, vous ne retiendrez que l'homicide involontaire... Si vous êtes sûrs qu'ils avaient l'intention de commettre ensemble ce crime, peu importe alors qui a frappé le plus fort ou le premier. Ils sont tous les deux également coupables... Ce discours va totalement à l'encontre des plaidoiries des deux avocats, qui ont essayé de disculper chacun leur client, mais, encore une fois, le président a ce droit et c'est sur ces paroles que les débats sont clos... Nous sommes le mercredi 24 novembre 1993. Denise Bulger, la mère du petit James, malgré ses huit mois de grossesse, est venue pour la première fois à l'audience afin d'entendre le verdict. Elle va l'attendre durant cinq heures et demie. A l'issue de ce délai, les neuf hommes et trois femmes du jury reviennent avec un vote unanime : A. et B. sont coupables de meurtre et iront en prison «pour une durée indéterminée, au bon vouloir de Sa Majesté». Le président Morland s'adresse aux deux petits condamnés pour leur traduire la sentence dans leurs mots à eux. — Cela veut dire que vous serez détenus pour beaucoup, beaucoup d'années, jusqu'à ce que le ministre de l'Intérieur décide que vous êtes mûrs et pleinement réhabilités et que vous ne représentez plus un danger pour les autres... Le président ajoute encore quelques commentaires personnels sur le crime et autorise la presse à rendre publique l'identité des deux garçons, ainsi qu'à diffuser leurs photos. Voici donc les deux jeunes criminels livrés à la vindicte populaire. Pour quelle raison ? Pour leur infliger une sanction supplémentaire ? Pour les empêcher à tout jamais de se réinsérer dans la société ? Pour rendre la vie impossible à leurs familles ? Pour satisfaire la curiosité morbide du public ? On ne le saura pas, et c'est de cette manière plus que contestable que se termine le procès. En France, la réprobation est d'ailleurs unanime devant la manière dont s'est comportée la justice anglaise. Magistrats, psychiatres et éducateurs multiplient les critiques. (A suivre...)