A Cirta, Sophonisbe, l'épouse de Syphax, se rendit à Massinissa, elle le supplie de ne pas la livrer aux Romains. Elle acceptait d'être l'esclave d'un Numide, après tout un Africain, comme Syphax, plutôt que d'un Romain : Elle lui dit : «Quand bien même je ne serais que la femme de Syphax, c'en serait assez pour que j'aimasse mieux m'abandonner à la discrétion d'un Numide, d'un prince africain comme moi, qu'à celle d'un étranger et d'un inconnu. Mais que ne doit pas craindre d'un Romain une femme carthaginoise, la fille d'Hasdrubal ? Vous le savez. Si vous n'avez pas en votre pouvoir d'autre moyen que la mort pour me soustraire à la dépendance des Romains, tuez-moi, je vous en supplie et vous en conjure. Sophonisbe était d'une rare beauté ; elle avait tout l'éclat de la jeunesse. Elle baisait la main du roi, et en lui demandant sa parole qu'il ne la livrerait pas à un Romain, son langage ressemblait plus à des caresses qu'à des prières. Aussi l'âme du prince se laissa-t-elle aller à un autre sentiment que la compassion : avec cet emportement de la passion naturel aux Numides, le vainqueur s'éprit d'amour pour sa captive, lui donna sa main comme gage de la promesse qu'elle réclamait de lui, et entra dans le palais.» (Tite-Live).