Résumé de la 11e partie - Rosa tourne autour de Lyès, mais elle découvre qu'elle n'est pas la seule sur le terrain : une jeune femme et sa mère, apparentées à la grand-mère du jeune homme, lui ont rendu visite. Lynda ! Elle la connaît bien, puisqu'elles ont suivi des cours de couture ensemble. Elle habite à l'autre bout du bourg, ce qui fait qu'elle ne s'est aperçue que tardivement de l'arrivée de Lyès. Elle ne se rappelle pas les avoir déjà vues chez la vieille Fatma, ni elle ni sa mère. C'est Lyès donc qui a fait qu'elles se sont remémoré leur parenté ! Sa mère lui a dit de se méfier : elle a raison. Lyès est un beau parti que les femmes vont certainement se disputer ! Mais cette Lynda, espère-t-elle avoir une chance de l'emporter ? — Elle n'est pas jolie ! se dit Rosa. D'abord, elle est maigre, si maigre que ses jambes, à travers les jeans qu'elle porte, ressemblent à un manche à balai ! Son visage est anguleux, ses cheveux sont courts et bouclés, ses doigts trop effilés et, par-dessus tout, elle s'est outrageusement maquillée : trop de rouge sur les lèvres et trop de fond de teint ! — Il aurait fallu que tu la voies, dit-elle à sa mère, à qui elle fait ce portrait peu sympathique. — Alors, dit Dahbia, rassurée, tu n'as rien à craindre. Lyès ne s'intéressera pas à elle ! Mais en réfléchissant, Rosa se dit que Lynda n'est pas aussi maigre qu'elle le dit : elle est juste mince. Une chose est sûre : elle n'a pas sa corpulence ! Son visage n'est pas émacié et ses cheveux coupés court et bouclés l'encadrent joliment ! Quant à ses traits, ils sont fins et gracieux : ce n'est pas elle qui traîne un gros nez au milieu de la figure ! Et, changeant complètement son opinion sur sa rivale, Rosa trouve qu'elle est jolie ! Jolie et moderne, avec ses jeans, son maquillage, ses allures ! Tout à fait le contraire de ce qu'elle est ! Elle n'aura aucune peine à séduire Lyès ! Elle se regarde dans la glace et elle se trouve plus laide que d'habitude : ces yeux entourés de longs cils, cette peau blanche et satinée, cette bouche sensuelle : tout ce qui lui paraissait joli en elle est gâché par ce gros nez disgracieux ! C'est comme un beau portrait sur lequel une grosse tache de peinture est tombée ! Et elle se met à pleurer : non, elle n'a aucune chance devant Lynda ! Aucune ! elle va revenir, elle va inviter Lyès chez elle, peut-être même aller le retrouver à l'hôpital ! Elle le séduira, elle gagnera son cœur ! Et elle, eh bien elle va continuer à tourner entre les jupes de Fatma, lui faire le ménage comme une boniche ! Si seulement ses parents se montraient moins sévères avec elle : elle s'habillerait, elle aussi, comme les filles des villes, elle se maquillerait, elle irait le voir à l'hôpital… Mais eux la briment, l'enferment, surveillent sa façon de s'habiller et de se comporter, au nom des sacro-saints principes de la «horma», l'honneur ! Fatma… La vieille est sa seule chance : seule elle peut pousser Lyès vers elle, seule elle est en mesure d'orienter son choix… elle doit donc multiplier les actions de charme… en sa direction ! «Je le veux !», dit-elle. (A suivre...)