Sanctions - Les pays de l'Union européenne ont décidé d'imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent contre l'Iran, et de sanctionner sa banque centrale. Ces sanctions visent à assécher le financement de son programme nucléaire controversé, des décisions «vouées à l'échec» selon Téhéran. L'Iran est ainsi sommé de dissiper les doutes des Occidentaux et de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui le soupçonnent, sous couvert d'activités civiles, de chercher à se doter de la bombe nucléaire. Téhéran nie mais refuse depuis des années des négociations sérieuses à ce sujet. Les nouveaux contrats dans le secteur pétrolier avec l'Iran sont ainsi interdits avec effet immédiat. L'annulation des contrats existants interviendra ultérieurement, d'ici au 1er juillet prochain, pour permettre aux pays les plus dépendants de se retourner. L'Iran vend environ 20% de son pétrole aux pays de l'UE, notamment à l'Italie, l'Espagne et la Grèce. Ces «sanctions sans précédent» vont «paralyser peu à peu l'activité économique de l'Iran et priver le pays d'une partie de ses ressources», a jugé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé. L'UE emboîte ainsi le pas aux Etats-Unis, qui ont gelé fin décembre dernier les avoirs des institutions financières étrangères qui commercent avec la banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. Mais l'essentiel (65%) des ventes de pétrole iraniennes est réalisé en Asie, notamment en Chine, au Japon, ou en Inde. Pour qu'il soit clair, le message «a besoin d'être porté par une voix internationale», a estimé l'Allemand Guido Westerwelle. L'Occident ne doit donc pas être seul à organiser cet embargo. L'Inde, comme la Turquie, ont toutefois jusqu'ici réfuté l'idée. Si le ministre russe des Affaires étrangères a jugé que les sanctions européennes ne faisaient «pas avancer les choses», le président américain Barack Obama a dit lui les «applaudir». Le gouvernement iranien a pour sa part jugé que ces sanctions «injustes» étaient «vouées à l'échec». «Tout pays qui se prive du marché de l'énergie de l'Iran sera immédiatement remplacé par ses rivaux», a assuré le ministère iranien des Affaires étrangères, en évoquant l'ampleur des besoins en énergie à long terme de la planète. Outre l'embargo pétrolier, l'UE a gelé hier lundi les avoirs de la banque centrale iranienne et partiellement interdit les transactions avec l'institut monétaire, y compris la production pour son compte de pièces et de billets. Aux 433 sociétés et 113 personnes dont l'UE avait jusqu'ici gelé les avoirs s'ajoutent désormais huit sociétés dont la banque iranienne Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France, et en Allemagne et trois personnes. Les Etats-Unis ont annoncé lundi avoir ajouté la banque Tejarat à leur liste noire. L'UE a aussi interdit les ventes d'or, d'autres métaux précieux et de diamants à l'Iran, et élargi l'interdiction d'investissements dans l'industrie pétrochimique et celle d'exporter des produits sensibles.