Rôle - L'Institut national de veille sanitaire (INVS) de prévention pouvant minimiser l'ampleur de certaines maladies transmissibles ou pas, se veut une nécessité pour le changement sérieux de la politique nationale de santé. Plaidant pour la réalisation de cet institut dont la proposition de création date de 2001, le professeur Abdelouahab Bengounia, spécialiste en épidémiologie et médecine préventive a dressé lors de son exposé un tableau sombre sur la situation épidémiologique nationale en nette dégradation en Algérie. Pourquoi un institut de veille sanitaire ? Selon le Pr Bengounia, qui s'exprimait hier lors d'une conférence de presse à El Moudjahid, il y a trois facteurs déterminants du pourquoi : la gravité de la situation sanitaire nationale, aucun changement sérieux de la politique nationale de santé, et enfin parce que le contexte sociopolitique actuel, national et international, s'oriente vers une démocratisation incontournable du concept de santé. Ainsi, durant le temps consacré à son exposé, le conférencier a défendu sa cause, évoquant la pénurie «intolérable» de médicaments, qui s'accentue de plus en plus, pénalisant toute l'activité médicale, ainsi que les grèves cycliques des chercheurs hospitalo-universitaires qui ont eu un impact négatif sur la santé des malades. «Combien y a-t-il eu de décès et de malades non amputés à temps occasionnés par ces mouvements de protestation ?», déplore- t-il. Et puis, poursuit-il, si cet institut existait, il y aurait incontestablement moins de pertes humaines et l'Algérie n'aurait pas importé 20 millions de doses qui coûtent quelque 100 millions de dollars pour lutter contre la grippe porcine. Les sites de veille ont été pourtant créés en 2001, mais ils n'ont jamais fonctionné, a-t-il regretté. L'intervenant déplore ensuite que des cas de maladies moyenageuses continuent d'apparaître chez nous comme la rage humaine, le paludisme. Il cite aussi six cas confirmés de tétanos en 2010 et regrette l'évolution du cancer du sein vu que le prix de la mammographie demeure inaccessible. De même qu'il relèvera, inquiet «l'éclosion de la maladie transmissible de la tuberculose qui est une maladie liée à l'hygiène de l'environnement, à cause de la mal vie de la population et des déplacements effectués lors de cette période». Pour ce qui des maladies non transmissibles, ce spécialiste parle de 13 000 cancéreux en attente de soins. Ce qui constitue encore une autre raison pour militer pour la création de l'Institut de veille qui sera placé sous la tutelle du ministre de la Santé et qui aura pour missions «d'effectuer la surveillance permanente de l'état de santé de la population, détecter les risques et alerter les pouvoirs publics en cas de menace pour la santé publique mais aussi pour élucider des études de recherches et actions d'informations pour l'élaboration de la politique nationale de la santé». Interrogé sur cette attente d'une dizaine d'années, pour relancer ce projet, l'orateur dira : «Il y a une lenteur bureaucratique pour ne pas dire manque de volonté politique.»