“En dépit des moyens importants alloués au secteur, le rendement reste faible. La qualité est encore défaillante ; les mauvaises conditions d'accueil des malades ; la pénurie des médicaments”, et la liste des carences est encore longue, selon le professeur Abdelouahab Bengounia du Chu Mustapha-Pacha, qui a dressé un tableau noir sur notre système de santé, l'intervalle de sa conférence-débat, tenue hier au Forum d'El Moudjahid. Comment doit-on procéder pour remédier aux dysfonctionnements qui affectent de plus en plus ce secteur stratégique ? Conscient que la priorité est de redéfinir d'abord la politique nationale de la santé publique, il appelle à la création d'un Institut national de veille sanitaire, (INVS). Pourquoi l'INVS ? Pour M. Bengounia, cet institut aura pour rôle de “détecter à temps tout risque pour la santé publique et d'alerter les pouvoirs publics et leur préconiser les mesures à prendre”. L'initiateur de l'idée de créer l'INVS recommande à ce que cet établissement soit “doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière et technique”. Pour le professeur Bengounia, la création de cet institut n'a que trop tarder devant les innombrables manques perpétuellement signalés dans toutes les structures et autres organismes relevant du secteur, au niveau national. M. Bengounia ne manque pas d'accabler le ministère de tutelle, lequel, assène-t-il, aura montré “ses limites” dans la gestion et la planification, regrettant au passage l'“autosatisfaction” affichée souvent par les responsables du secteur. “Dans la vie, il n'y a pas plus nuisible que l'autosatisfaction de l'individu”, a-t-il fait remarquer, allusion faite au discours des responsables tentant de justifier à chaque fois leurs échecs. Pour appuyer ses accusations, le professeur Bengounia exposera une panoplie de données chiffrées qui démontrent des manques signalés dans le secteur de la santé, notamment les ruptures cycliques des médicaments, contrairement à ce que veut faire croire la tutelle. “Le manque de médicaments, indispensables pour le traitement des maladies, tous azimuts, est un problème que nous vivons au quotidien dans les différents hôpitaux du pays”, a-t-il commenté, indiquant au passage l'existence aujourd'hui de 8,5 millions de malades chroniques, toutes pathologies confondues, en Algérie, soit près d'un tiers de la population ! FA