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Politique culturelle
Pour une action effective
Publié dans Info Soir le 04 - 02 - 2012

Constat - Force est de constater que le secteur de la culture en Algérie a connu durant les années 2000 un certain renouveau.
Ce renouveau que l'on peut qualifier de renaissance est un fait. C'est une réalité indéniable, que l'on ne peut d'aucune manière contester ou nier. Car au plan formel, c'est-à-dire du point de vue du contenu, jamais l'Algérie n'a connu autant d'activités culturelles ou artistiques, et d'effervescence sur le plan de l'animation.
En effet, les événements culturels se sont multipliés lors de cette dernière décennie – autant de festivals nationaux qu'internationaux et de semaines culturelles à travers le pays.
Du point de vue quantitatif, donc chiffre, le bilan est manifestement positif. Les initiatives sont foisonnantes, louables, et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Mais le fond de cette politique culturelle menée depuis le début des années 2000 par les instances concernées, dont le ministère de la Culture, c'est-à-dire la manière dont toutes ces actions ont été – et sont – gérées ouvre d'emblée la voie au débat. D'où la question de savoir s'il y a vraiment une politique culturelle allant dans ce sens, une politique inscrite effectivement dans la durée et qui est, de ce fait, rentable ?
S'exprimant sur le constat fait quant au secteur de la culture en Algérie, Ammar Kessab, expert en politique culturelle, dira : «Boosté par un budget d'un peu plus d'un milliard de dollars ces cinq dernières années, le secteur de la culture en Algérie a connu un certain dynamisme opéré par le seul ministère de la Culture.» Il déplore toutefois que «ce dynamisme s'apparente à ce que l'écrivain sud-africain J. M. Coetzee appelle une «énergie inopérante» et ce, pour deux raisons : la première est que le ministère de la Culture n'a pas élaboré une politique culturelle claire, et la deuxième est que ce même ministère a exclu automatiquement toute action culturelle de la société civile qui est censée porter les projets culturels. De là est né donc le sentiment d'exclusion chez les artistes, écrivains, opérateurs culturels indépendants, etc., et le sentiment que la culture n'est que pure divertissement (du ‘'ch'tih ou r'dih'') chez les citoyens.»
Autrement dit, le ministère de la Culture exerce une autorité, voire une hégémonie sur l'action culturelle, alors qu'il est censé, comme il se fait ailleurs, à veiller à organiser, réguler ou financer le secteur de la culture qui, lui, doit être animé par les associations et autres organismes indépendants.
«Cela donnera naissance à une action culturelle indépendante, émanant du profond de la société avec toute sa diversité culturelle», estime-t-il.
Ammar Kessab tient, en outre, à préciser que «cette stratégie d'hégémonie est mise à mal cette année, car le budget de la culture va baisser en 2012 de 14%, une première depuis plus de 10 ans, ce qui, sur le principe, ne nous nous réjouit aucunement, mais qui est un vrai signal d'alarme pour le ministère de la Culture qui doit commencer à renforcer la société civile [et l'associer à sa stratégie]».
- A partir de là, on peut déduire qu'il n'existe pas de politique culturelle à proprement parler. «Une politique culturelle, explique Ammar Kessab, est la définition de la culture comme dictée par les comportements culturels de citoyens à travers leurs actions et expressions artistiques et culturelles. Elle s'écrit noir sur blanc, et est l'ensemble des techniques opérationnelles qui permettent son application effective pour la réalisation des objectifs de l'Etat en matière de culture, et l'effectivité de l'action culturelle de la société civile. Donc non, il n'existe pas de politique culturelle en Algérie.» Ainsi, la politique culturelle telle que menée, soulève la problématique du rôle de la société civile en tant que socle de la démocratie et un nid à valeurs dans le fonctionnement et le développement du secteur de la culture. Cela signifie en termes plus clairs la nécessité pour les artistes et intellectuels d'entrer en jeu et ce, en tant que société civile, pour participer à l'édification d'une politique culturelle nationale effective, efficace et durable.


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