Histoire - Plus de 150 scénarios de films ont été réceptionnés par le ministère de la Culture et ce, dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Tous ces films, fictions, documentaires ou historiques, traiteront des événements ayant trait à la Guerre de Libération nationale ou, d'un point de vue plus large, à la période s'étalant sur toute la colonisation. Une commission de lecture est en train de les évaluer. Notons que c'est le ministère des Moudjahidine qui doit délivrer les autorisations pour la concrétisation des projets de films retenus. Il constitue la seule autorité à accepter ou refuser un projet de scénario au contenu historique. Cela sanctionne la création cinématographique et balise le travail du cinéaste. L'on parle d'emblée de censure. Rappelons que dans le cadre d'un projet de loi adopté en 2010 par les membres du Conseil de la nation, l'un des articles qui compose ladite loi, stipule que l'Etat a un droit de regard exclusif sur des films qu'il finance, surtout ceux traitant de l'histoire de l'Algérie, notamment ceux abordant des thèmes liés à la Révolution de Novembre. Ainsi, cet article soumet la production de films sur la Guerre de Libération – une chose considérée sacrée par les autorités – à l´approbation des autorités politiques. C'est ainsi que nombre de cinéastes contestent cet article, le révoquent. Parce qu'ils voient là un acte de censure et de monopole de l'Etat sur la production cinématographique. Car nombre de projets de films sur des figures de la Guerre de Libération nationale sont à l'arrêt, à l'exemple du long métrage consacré à Krim Belkacem de Ahmed Rachedi, ou de celui sur Larbi Ben M'hidi de Bachir Derraïs. D'autres films sont bloqués à cause des lourdeurs administratives, pour ne pas dire bureaucratiques. Les cinéastes sont mécontents, voire révoltés parce qu'ils se sentent otages notamment de cet article. Ils ne savent plus à qui s´adresser, car «deux ministères, celui de la Culture et celui des Moudjahidine, réclament, chacun, un droit de regard sur les films portant sur la Guerre de Libération nationale», regrettent-ils. Ainsi, ils dénoncent l´ingérence des instances représentant l'Etat dans le contenu du film et la tournure que celui-ci doit prendre. Pour Ahmed Bejaoui, de tels agissements pénalisent la création cinématographique. Celui qui se dit opposé à toute censure de contenu et pour qui la qualité prime, explique que «le cinéma est un art qui véhicule une vision du monde».Ahmed Bejaoui estime qu'il y a différents publics au cinéma. «Je ne pense pas qu'un cinéaste puisse déstabiliser un pays par son film», explique-t-il. - Les pouvoirs qui sont conférés au ministère des Moudjahidine font que celui-ci se met à dos le ministère de la Culture, car même si ce dernier donne son accord sur un projet de film, il ne sera pas concrétisé tant que le ministère des Moudjahidine n'a pas donné son approbation. Ainsi, selon Ahmed Bejaoui, le film sur Krim Belkacem a obtenu l'aval du ministère de la Culture, mais il a éwté refusé par celui des Moudjahidine tandis que celui sur Ben M'hidi dont le feu vert a également été donné par le ministère de la Culture, attend toujours la réponse de celui des Moudjahidine. C'est dire que le ministère des Moudjahidine qui se comporte comme le sacro-saint décideur, est seul habilité à valider ou rejeter les scénarios de films traitant de la Guerre de Libération. Il s'érige en sacro-sainte autorité et, du coup, s'arroge le droit de se mettre en travers des cinéastes et du 7e Art en général. L'article 6 de la loi risque de mettre fin à la carrière d'un film, c'est-à-dire le jeter aux fond d'un tiroir et, de ce fait, le condamner à l´oubli.