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Adversité farouche
Publié dans Info Soir le 15 - 02 - 2012

Recul - Depuis quelque temps, l'enseignement de la langue française connaît une régression sans précédent.
Les raisons de cette décadence remontent au début des années soixante-dix «quand on décida d'arabiser d'abord toutes les matières littéraires dont la discipline de base, la philosophie. Du coup, on n'a pas dispensé l'arabe en tant que langue véhicule de la culture et des connaissances universelles, mais en tant qu'instrument de (revanche) sur la langue française considérée comme un héritage du colonialisme», écrit le journaliste Hamid Bouacida à ce sujet.
Feu Kateb Yacine disait que la langue française est «un butin de guerre». L'écrivain s'adressait à tous ceux qui lui reprochaient son choix quant à l'utilisation de cette langue dans ses écrits.
Cette adversité farouche opposant arabisants et francophones par rapport au statut de cette langue, ne date donc pas d'aujourd'hui. Elle s'est manifestée déjà au lendemain de l'indépendance. Ainsi, après avoir été l'instrument de l'enseignement durant des années, le français cédait peu à peu du terrain à la langue arabe qui a accaparé d'abord l'histoire et la géographie dans les années 70 et le reste des matières telles les mathématiques, les sciences, et la technologie en 1975. Ce transfert n'a malheureusement pas été accompagné par des moyens didactiques et scientifiques.
Et ce, notamment en direction de l'enseignement supérieur qui devait préparer l'encadrement nécessaire à cette réforme. L'échec de ce processus d'arabisation à tous les échelons est le facteur principal de cette «régression féconde» pour reprendre l'écrivain Addi Lhouari.
Quand on pense que l'Algérie est le deuxième pays francophone au monde, on ne peut que se poser des questions devant le niveau qu'affichent nos universitaires tant en langue arabe qu'en langue française.
Les projets entrepris jusque-là n'ont malheureusement pas pu concilier entre cette exigence multilinguistique et la qualité de l'enseignement. Une carence essentiellement perceptible à l'intérieur du pays où l'enseignement du français est devenu presque une denrée rare. En effet, si la pratique du parler est plus ou moins sauvegardée dans l'Algérois et dans quelques wilayas du centre, à l'intérieur du pays la langue de Molière ne semble plus avoir la cote. Pourtant, c'est cette même langue qui a donné une dimension universelle à l'élite algérienne faisant émerger des noms de la dimension de Mohamed Dib, Mouloud Mammeri, KatebYacine et bien d'autres encore. Cinquante ans après l'indépendance, c'est une preuve de plus que les politiques éducatives successives ont failli à cette obligation de générer de la réussite et de l'intelligentsia.


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