Histoire - La 7e décennie cinéma et société de Corrèze, un rendez-vous culturel annuel dans la région du Limousin (Sud-ouest de la France), sera exclusivement dédiée au cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Cette manifestation, qui prévoit la projection d'une trentaine de films anciens et nouveaux sur notamment la lutte de Libération nationale, aura pour thème «El Djazair ! France-Algérie, du colonialisme à aujourd'hui». Elle doit s'étaler sur deux périodes (14 -18 mars, 11- 15 avril 2012). «Il s'agit, à travers cette édition, de mettre à profit la base documentaire dont nous disposons pour faire sortir la mémoire de l'oubli et mettre la France devant ses responsabilités vis-à-vis de son passé colonial», a indiqué à l'APS la présidente de «Autour du 1er mai», Sylvie Dreyfus. Selon elle, cinquante ans après l'indépendance de l'Algérie, il est «temps que la France regarde son passé en face et reconnaisse les "saloperies" commises durant l'ère coloniale». «Les projections retenues au programme ont pour but de montrer la nature abjecte du colonialisme et donner le ton d'un travail de repentance que la France se doit de mener pour essayer de construire une histoire commune», a-t-elle ajouté. Dans leur présentation de l'évènement, les organisateurs affirment que leur collaboration «précieuse» avec le service des archives françaises du Centre national du cinéma et de l'image animée, leur a permis de découvrir une sélection de certains films programmés. Ces derniers renvoient à la représentation «stéréotypée des Algériens portée par les colons et les Français de la métropole. Ils permettent de comprendre ce qui pour le peuple algérien a servi de ferment à la lutte pour l'indépendance», relèvent-ils. Selon les organisteurs, malgré la volonté politique de gouvernements successifs qui «taisent la réalité» de la guerre d'indépendance en la nommant «pacification», des cinéastes ont fabriqué des films pendant la guerre elle-même, bravant censure et interdiction, comme Alain Resnais, Alain Cavalier, Jacques Rozier, Jean-Luc Godard et Agnès Varda. Pour Sylvie Dreyfus, le colonialisme et la Guerre d'Algérie marquent le cinéma français et le cinéma algérien, comme ils marquent encore la société postcoloniale algérienne et la société française, composite, multiculturelle, dans laquelle vivent de nombreux Français d'origines algérienne et maghrébine. Les programmateurs ont souhaité au travers la sélection d'une trentaine de films «traduire la réalité de la relation France - Algérie dans sa complexité, favoriser l'interaction entre le passé et le présent, cela afin de reconstruire une mémoire partagée», a-t-elle dit. Les films programmés traversent le temps de 1896 à 2011, à travers des productions d'archives et de propagande, de fiction, de documentaires et de films militants.