Transfert - Généralement, la rue et les tribunes prennent le relais du marasme qu'offrent les acteurs du football sur le rectangle vert. Les rues de la capitale sont mises en état d'alerte par les services de sécurité lors de chaque rencontre de football. L'exemple le plus frappant, celui du tronçon menant du stade du 5-Juillet vers le centre-ville d'Alger lors des derbys de la capitale. D'abord, c'est au niveau d'El Biar que les «fous» des stades imposent de véritables états de siège. Les commerçants sont obligés de fermer boutique, la gent féminine se terre chez elle et les riverains sont condamnés à fermer les fenêtres. «Personnellement, je maudis le jour de la construction de cette infrastructure sportive sur le trajet de notre commune», nous dit un commerçant qui se rappelle très bien les dégâts causés à son commerce à la fin d'une rencontre de football qui a mis aux prises deux clubs de la capitale. «Ils ont saccagé la devanture de mon commerce, volé le contenu des vitrines sans que je puisse arrêter le massacre. En général, ce sont des drogués, des voleurs et des délinquants qui provoquent ce genre d'incidents pour s'attaquer aux biens d'autrui. Maintenant, je préfère fermer boutique les week-ends que de subir les affres de ces pseudo-supporters», dit-il encore. Les filles du quartier sont également d'accord avec ce commerçant. Elles font souvent l'objet d'agressions par cette meute de «supporters» à la recherche d'une victime. «Nous, les filles, sommes une proie facile entre les mains de ces jeunes en furie, à la sortie du stade», dit un groupe de filles accostées au niveau de la place Kennedy. «On ne compte plus les fois où une fille a été balafrée. Combien de fois une fille ou une femme a été délestée de ses bijoux au passage de ces jeunes à la sortie du stade. Combien de voitures ont été saccagées par ces gens lors des week-ends footballistiques», s'interrogent plusieurs femmes de ce quartier. Les automobilistes et les riverains n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour fustiger ces fauteurs de troubles et les autorités locales. «Impossible de garer sa voiture le week-end au niveau du parking de mon quartier. Je suis dans l'obligation de laisser mon véhicule sur mon lieu de travail le week-end, sous peine de subir les actes de vandalisme de la part de ces jeunes que les autorités n'arrivent pas à canaliser. Nous avons d'ailleurs transmis plusieurs pétitions aux autorités locales pour demander une réelle prise en charge de l'aspect sécuritaire au niveau de la commune à l'occasion des rencontres de football au stade du 5-Juillet, mais aucune réponse à ce jour. La situation ne s'est jamais améliorée. Des responsables qui ne répondent pas à la demande de toute une population, doivent se rendre à l'évidence qu'ils sont des irresponsables. Ils n'ont pas de raison d'être», disent plusieurs citoyens au boulevard colonel Bougara. Même son de cloche au niveau des populations de Châteauneuf, Chevalley, Dely-Ibrahim, Ben Aknoun, Bouzaréah et Béni Messous. De même qu'aux quartiers de Bab El-Oued, de la place des Martyrs et de la Haute Casbah.