Passion - La poésie de Samira Negrouche se savoure avec beaucoup de plaisir et d'insatiabilité. Les mots abondent, débordent dans sa verve. Son verbe est volubile, truculent. Samira Negrouche, poétesse ayant à son actif plusieurs recueils dont Le jazz des oliviers, paru aux éditions du tell, ainsi que plusieurs récitals et performances poétiques, fait de chaque mot invoqué, convoqué, une matière précieuse qu'elle pétrit, un matériau rare qu'elle travaille. Le mot est poli, ciselé, pour en construire un poème. Celui-ci, qui revêt une intonation musicale, voire poétique, est prononcé, dit avec autant d'inspiration que d'éloquence. La poésie de Samira Negrouche se savoure avec beaucoup de plaisir, d'insatiabilité. L'écriture de Samira Negrouche, qu'elle considère comme «une partie importante de sa vie», est une invitation à un voyage dans un univers poétique, aérien, aux sensations tantôt fortes, tantôt lénifiantes. Ainsi, Samira Negrouche écrit, imagine des mots, compose des vers pour voyager, s'évader loin de toute agitation, pour vivre d'autres sentiments. Elle perçoit la poésie comme un souffle, une respiration, une passion, un chant venant de l'intérieur et auquel elle doit répondre. «L'écriture est un choix de vie», confie-t-elle, et d'ajouter : «Mon attachement avec la poésie - et avec la littérature en général - me vient de ma passion avec des écrivains algériens de renom, tels que Mohamed Dib, Jean Sénac, Djamel Amrani….» «Le plus important dans la poésie, poursuit-elle, c'est qu'elle n'est pas un objet commercial. Pour moi, la poésie n'est pas quelque chose qui est utile au sens primaire du terme, ou qu'on manipule, ou achète. C'est quelque chose qui jaillit d'une façon incontrôlable par le poète même et par son environnement. C'est pour cela que la poésie répond et donne l'écho à ce qui est plus important dans l'art et c'est pour cette raison qu'elle donne le plaisir à ceux qui la lisent ou ceux qui l'écoutent.» Samira Negrouche vit la poésie comme une nature dans laquelle elle s'investit corps et âme, «un travail de tous les jours», comme aussi un exil, «la poésie est un exil pour soi-même», confie-t-elle, et d'ajouter : «Elle est aussi un travail de recherche très exigeant, qui a besoin d'un environnement et d'une force intérieure et intellectuelle.»Autrement dit, le poète doit être ouvert à toutes les cultures et créations poétiques du monde. Cela l'a amené à aimer toute langue dans laquelle sont dits les poèmes. Elle transcende l'handicap, le complexe de la langue. L'essentiel pour elle, c'est la poésie. Ainsi, bien qu'elle soit francophone, Samira Negrouche ne cache pas son penchant pour la poésie arabe qu'elle traduit aussi : «Je m'intéresse beaucoup à la poésie arabe, aussi bien ancienne que contemporaine. J'aime traduire les poèmes arabes parce que pour moi, c'est une double façon de les lire tout en leur conservant le cadre de poème arabe.» - Outre la poésie arabe, Samira Negrouche s'intéresse à toutes les autres poésies, celles dites dans des langues différentes, mais complémentaires. «J'aime entendre le chant des langues même si je ne les comprend pas», dit-elle, et de souligner : «J'ai besoin d'apprendre, j'ai besoin des langues, j'ai besoin de découvrir d'autres facettes de l'humain, j'aime traduire.» Ainsi, la traduction a permis à Samira Negrouche, pour qui il n'y a pas de différence entre les langues, chacune avec sa spécificité, d'aller à la rencontre de la poésie, et ce, dans les différentes langues où elles sont composées. Et c'est par la poésie qui est pour elle à la fois un voyage et la rencontre de l'autre, qu'elle est rentrée dans la littérature. «Voyager et accueillir veulent dire la même chose, parce que quand on s'en va on a l'impression qu'on va être accueilli par quelqu'un», explique-t-elle, et de soutenir : «En réalité, pour moi quand on va chez l'autre, c'est nous qui l'accueillons dans notre regard. Pour moi, il faut avoir la modestie d'aller chez les autres. J'accueille les autres dans mon regard, et généralement j'essaie de ne pas avoir de préjugés, même si malheureusement l'éducation fait qu'on ait d'une certaine manière des préjugés. Voyager pour moi, c'est accueillir, c'est essayer d'apprendre, c'est accueillir l'image de l'autre, les paysages de l'autre, la langue de l'autre et les corps de l'autre.»